Ségolène Royal fait oublier le 21 avril

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Devancée certes par Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal s'est qualifiée dimanche pour le deuxième tour de l'élection présidentielle. La candidate socialiste efface l'échec de Lionel Jospin il y a cinq ans. Le 6 mai prochain, la France aura "un choix clair entre deux voies très différentes", s'est félicitée Ségolène Royal dimanche soir. Les candidats à gauche du PS lui ont déjà apporté plus ou moins explicitement leur soutien mais les voix des électeurs de l'UDF seront déterminantes pour l'emporter. Dimanche soir, François Hollande a exclu de "négocier avec qui que ce soit!".

Oublié le 21 avril 2002, le 22 avril 2007 sera la nouvelle date référence du PS. Selon les résultats donnés ce matin par le ministère de l'Intérieur, hors Français de l'étranger, Ségolène Royal obtient 25,87% des suffrages, frôlant le score de François Mitterrand en 1981 (25,85%). La candidate socialiste est certes derrière Nicolas Sarkozy mais elle devance François Bayrou qui l'a longtemps talonnée dans les sondages avant le premier tour. Ségolène Royal dépasse seule le total des voix (23,83%) qui s'étaient réparties en 2002 sur Lionel Jospin, Jean-Pierre Chevènement et Christiane Taubira, les candidats du MRC et du PRG aujourd'hui rangés derrière le PS. "Notre victoire est possible", a déclaré la première femme à avoir une vraie chance d'accéder à l'Elysée, dernière des "gros" candidats à s'exprimer après l'annonce des résultats, vers 21h40 et seule à s'exprimer de province, à Melle, son fief électoral des Deux-Sèvres. Le 6 mai prochain, jour du deuxième tour, la France aura "un choix clair entre deux voies très différentes", s'est félicitée Ségolène Royal, douze ans après l'affrontement entre Lionel Jospin et Jacques Chirac. "J'appelle ce soir au rassemblement de toutes celles et ceux (...) qui veulent que la France fasse triompher la République du respect", a-t-elle déclaré, tendant "la main à toutes celles et ceux qui pensent comme (elle) non seulement possible mais urgent de quitter un système qui ne marche plus" et qui se "reconnaissent dans les valeurs" de son "pacte présidentiel". Peu après 01h00 du matin, la présidente de Poitou-Charentes s'est rendue à Paris rue de Solférino, siège du PS, où des centaines de partisans l'attendaient malgré l'heure avancée. "Pour me conduire vers la victoire, j'ai besoin de vous. Bien sûr de tous les militants socialistes mais bien au-delà", a-t-elle lancé depuis l'estrade où elle se trouvait avec une partie de son équipe de campagne et son fils, Thomas. "Un rassemblement est en marche, une dynamique est en mouvement, la bataille commence dès ce soir", a-t-elle ajouté sous les cris "Ségolène présidente". La victoire est "à portée de main", a déclaré François Hollande depuis la tribune de Solférino, tout en concédant que le PS ne disposait pas de "beaucoup de réserve" de voix. L'obstacle du premier tour passé, Ségolène Royal se retrouve en effet face à la nécessité du rassemblement, contrainte à donner des gages tant à la gauche de la gauche qu'aux électeurs centristes, confortés par le score de leur champion, François Bayrou, consacré troisième homme de la présidentielle 2007. Selon les résultats partiels, les six candidats de gauche à côté de Ségolène Royal obtiennent en cumulé 10,57% des suffrages. En additionnant le score de la candidate socialiste, son étiage atteint 36,44%. Dominique Voynet (Verts), Arlette Laguiller (Lutte ouvrière), Marie-George Buffet (PCF) ont immédiatement après les résultats appelé à voter pour Ségolène Royal. José Bové a de son côté demandé aux Français de faire barrage au candidat de l'UMP et Olivier Besancenot les a appelés à "battre la droite dans la rue et dans les urnes". Gérard Schivardi, candidat soutenu par le Parti des travailleurs, est le seul à gauche à ne pas avoir donné de consigne de vote pour le de deuxième tour. En 2002, les sept candidats de gauche hors PS avaient obtenu 26,71% des voix, Lionel Jospin réunissant sur son nom 16,18% des suffrages, soit un total de 42,89%. Le report des voix centristes devrait donc être capital pour gagner le 06 mai. Dès avant le premier tour, plusieurs personnalités socialistes, dont Michel Rocard, avaient appelé à une alliance avec l'UDF. Exclu de "négocier avec qui que ce soit!", a prévenu dimanche François Hollande sur TF1. "Cela n'est pas la démarche d'une élection présidentielle". Loin des "accords de parti" ou des "négociations", Dominique Strauss-Kahn a lui souhaité que "la victoire au deuxième tour de Ségolène Royal ne se fasse pas uniquement sur le rejet de Nicolas Sarkozy mais sur une volonté de changement de construire cette maison du renouveau". Ségolène Royal sera dès lundi soir en meeting à Valence avant Montpellier mardi et Lyon vendredi. Un meeting est également prévu le 1er mai à Paris, probablement au Palais omnisports de Bercy, où Nicolas Sarkozy réunit ses partisans le 29 avril. D'autres rencontres publiques pourraient s'intercaler ainsi que des apparitions radio-télévisées mais "le plan média n'est pas encore calé", a-t-on précisé dans l'entourage de la présidente de Poitou-Charentes. Estelle Cognacq (avec Reuters)