Ségolène Royal : être une femme libérée

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Administrator User , modifié à
Talonnée par François Bayrou dans les sondages, Ségolène Royal a assumé jeudi l'entière responsabilité de sa campagne présidentiellle et repris sa "liberté" par rapport au Parti socialiste. Elle était l'invitée de l'émission "A vous de juger" sur France 2.

A cinq semaines du premier tour, la candidate socialiste à la présidentielle a tenté de renouer sur le plateau de France 2 avec le statut d'électron libre qui avait fait son succès pendant la campagne interne pour l'investiture, défendant ses propositions qui avaient fait débat à gauche comme l'encadrement militaire des jeunes délinquants. Pendant plus de deux heures, la présidente de Poitou-Charentes a refusé de répondre à des "questions techniques" sur le financement des retraites où le rééquilibrage des prélèvements obligatoires. Cela relève plus d'un secrétariat d'Etat au Budget que de la présidence, a-t-elle fait valoir, expliquant que le gouvernement agirait "comme il le voudra" sur la base de son programme présidentiel. "Je trace les grandes lignes", a-t-elle souligné lors de l'émission "A vous de juger". Elle a opposé sa vision d'une société de solidarité à la précarité engendrée selon elle par la droite tout en déroulant son principe du "gagnant-gagnant. "Je ne veux pas d'une société de l'assistanat (...) Aucun soutien ne peut être donné sans contrepartie", a-t-elle expliqué avant de redonner un coup de barre à gauche en fixant pour "première feuille de route" à son Premier ministre de trouver un moyen "une fois pour toutes (que) le travail soit moins taxé que le capital". Cinq ans après l'élimination de Lionel Jospin dès le premier tour de la présidentielle, l'ancienne ministre de la "gauche plurielle" a dit ne "pas croire" à un nouveau 21 avril. "Tout dépend de moi ! Tout dépend de moi et c'est pourquoi ce combat est absolument crucial et c'est pourquoi je suis déterminée à me faire comprendre des Français", a-t-elle lancé face à Arlette Chabot qui lui demandait s'il était "totalement impossible" qu'elle soit absente du deuxième tour. Au nom de la "clarté du débat politique", la candidate socialiste a refusé toute négociation avec François Bayrou, qui appelle de ses voeux un gouvernement d'union nationale. "Je n'en ai même pas eu au sein du Parti socialiste, des négociations, alors vous imaginez que je ne vais pas en avoir avec des personnes qui cherchent un peu où est la meilleure sortie !", a-t-elle expliqué. Pour l'instant, "François Bayrou n'a pas de programme", a estimé Ségolène Royal, pour qui le candidat centriste a "toujours fait des alliances au sein de la droite et avec la droite". "J'attends son programme. Nous en débattrons. Les Français choisiront. Je suis confiante", a-t-elle dit. "A un moment, il va y avoir l'heure de vérité." Même si c'est "une chance" d'être soutenue par une organisation politique comme le Parti socialiste, Ségolène Royal a reconnu qu'elle avait été un peu "coincée" par le retour des "éléphants" du PS sur le devant de la scène politique. "Mais aujourd'hui je suis dans la dernière phase et aujourd'hui je reprends toute ma liberté", a-t-elle assuré, se rappelant dans un sourire avoir eu "beaucoup de liberté" pendant la primaire l'an dernier. Deux jours après ses propos sur la lenteur de certains dirigeants du PS à se ranger derrière elle, Ségolène Royal a assuré n'avoir rien à leur "reprocher". Aujourd'hui, "je me tourne vers l'avenir. Tout le monde est à son poste, tout le monde est sur le terrain", s'est-elle félicitée à la veille d'un déplacement en Champagne-Ardennes en compagnie de Dominique Strauss-Kahn, ancien rival pour l'investiture. Ségolène Royal a aussi rangé dans la catégorie "péripéties" la publication d'un livre extrêmement critique de l'ancien secrétaire national du PS à l'Economie. Dans des extraits publiés par Le Figaro, Eric Besson, qui a claqué la porte du PS en février, dit redouter "pour ses enfants" l'élection de Ségolène Royal. "On est sur une pente très dangereuse pour la France si elle gagne", écrit le député de la Drôme, qui dit avoir détecté une certaine forme de "populisme", de "poujadisme" et de "démagogie" chez la candidate socialiste.