Sarkozy crée des remous dans la classe politique

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Administrator User , modifié à
Les propos de Nicolas Sarkozy sur l'identité nationale, en meeting à Caen, dans le Calvados, hier, provoque un tollé chez ses rivaux. Ségolène Royal dénonce un amalgame ignoble. Les associations dénoncent elles aussi, les propos du candidat UMP. Jeudi, le ministre de l'Intérieur avait parlé de la création d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, s'attirant déjà des accusations de xénophobie et de "lepénisation".

"Etre français, c'est parler et écrire le français, c'est respecter la loi. Celui qui entre clandestinement en France, celui qui ne fait aucun effort pour s'intégrer, celui-là ne doit pas s'attendre à se voir reconnaître les mêmes droits qu'un Français". C'est avec ces mots que s'est adressé hier Nicolas Sarkozy devant des centaines de sympathisants venus à Caen. Ils l'ont écouté justifier sa volonté de devenir président par son opposition à ce qu'il affirme être la préoccupation des socialistes, qui considèrent la république comme "l'affaire des partis" et qu'il accuse de "communautarisme historique". "Pour nous, c'est le problème de la nation (...) pour nous la république, ce n'est pas la droite, ce n'est pas la gauche, ce sont tous les Français", a-t-il dit. Nicolas Sarkozy, refusant d'être réduit à sa fonction de ministre de l'Intérieur, a également affirmé: "La France ce n'est pas une race, ce n'est pas une ethnie. La France, c'est tous les hommes qui l'aiment, qui sont prêts à défendre ses idées, ses valeurs, à se battre pour elles". Sans oublier de rappeler ses origines étrangères, le président de l'UMP se considère néanmoins en droit de revendiquer l'histoire de France: "Celui qui arrive et qui aime la France devient l'héritier de tout son passé", des "2.000 ans de christianisme", mais aussi de "la morale laïque qui incorpore 2.000 ans de valeurs chrétiennes". Et il l'a encore répété, "ceux qui refusent cette culture doivent partir". "Celui qui ne veut pas reconnaître que la femme est l'égal de l'homme, celui qui veut enfermer sa femme, obliger sa femme à porter le voile, à se faire exciser ou à se marier de force, celui-là n'a rien à faire en France". Ce matin, en marge de sa visite au Salon de l'Agriculture, Ségolène Royal a réagi vivement à ces propos, dénonçant l'amalgame ignoble auquel s'est livré le candidat UMP et rappelle que jamais les travailleurs immigrés n'ont porté atteinte à l'identité française.Jeudi, Nicolas Sarkozy avait évoqué le projet, s'il est élu, de créer un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. En retour, il s'est attiré les vives critiques de la gauche et du centre, qui l'ont accusé de xénophobie et de "lepénisation". Plusieurs associations comme la ligue des droits de l'homme, le MRAP et SOS Racisme affichent leur désapprobation, et dénoncent un retour aux idées vichystes. François Bayrou a estimé qu'en enfermant dans la même phrase : immigration et identité nationale, Nicolas Sarkozy avait franchi une frontière. "L'identité nationale de la France, elle a un nom : c'est la République" a t-il dit. Daniel Cohn-Bendit qui était l'invité de Dominique Souchier samedi matin sur Europe 1 a lui aussi réagi en affirmant que Nicolas Sarkozy avait dépassé la ligne rouge et qu'il ne faisait ni plus ni moins, qu'employer l'argumentaire de Jean marie le Pen. Un avis partagé par Dominique Voynet.