Russie : libre, Garry Kasparov repart à l'offensive

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le principal opposant à Vladimir Poutine a retrouvé la liberté jeudi en début d'après-midi après cinq jours de détention. Il avait été arrêté samedi dernier à l'issue d'une marche anti-Kremlin interdite. La voix du plus jeune champion du monde des échecs n'est pas très audible sur la scène politique russe mais il agace le Kremlin qui le surveille désormais de très près. De retour chez lui, il a de nouveau dénoncé les dérives "dictatoriales" du régime de Poutine.

Après cinq jours passés en prison, et à trois jours des élections, Garry Kasparov a retrouvé la liberté ce jeudi à la mi-journée. L'ancien champion du monde des échecs, devenu chef de file du mouvement anti-Kremlin L'Autre Russie, avait été arrêté samedi après avoir participé à une marche de protestation interdite dans les rues de Moscou. Pendant sa détention, il n'a pas pu recevoir de visites de son entourage ou de son avocate. Une mise au ban pour celui qui est devenu au fil des années la bête noire du Kremlin, alors que son audience en Russie est encore limitée.

Dès sa sortie de prison, Garry Kasparov est reparti à l'offensive anti-Kremlin. "Le régime entre dans une phase très dangereuse qui tourne à la dictature", a déclaré le leader de L'Autre Russie aux journalistes qui l'attendaient devant son domicile. "Je ne me laisse pas décourager dans ma détermination à combattre ce régime. Je me sens un devoir de continuer parce qu'il n'y va pas seulement de Garry Kasparov (...) mais aussi de gens qui n'ont pas le luxe d'attirer l'attention des médias", a-t-il ajouté.

Pourtant, si le parcours de Garry Kasparov est suivi régulièrement depuis l'étranger, la voix du jeune prodige des échecs, sacré à 22 ans et imbattable pendant dix années, ne porte guère dans son propre pays. Pour les prochaines élections législatives, pour lesquelles la campagne est marquée par l'omniprésence du parti de Vladimir Poutine, seuls 4% des électeurs s'apprêteraient à voter pour Garry Kasparov. Mais L'Autre Russie ne disposera même pas de son propre bulletin de vote, faute d'avoir pu s'enregistrer aux législatives. Elle appelle à glisser un bulletin nul dans l'urne.

Mais la menace qui pèse autour de lui a alerté la communauté internationale et son cas tend à symboliser à lui seul les violations des libertés en Russie. Après l'arrestation de Garry Kasparov, la France a ainsi demandé des explications au Kremlin. "Je sais que le champion du monde d'échecs ne menaçait pas la sécurité de la Russie, je sais également que l'avenir de Monsieur Poutine, l'avenir électoral dans les jours qui viennent, paraît radieux. Donc, tout cela mérite une explication. Ca paraît très inutile et ne donne pas une belle image au moment de l'élection", a ainsi déclaré Bernard Kouchner.

En Russie même, des voix politiques importantes viennent peu à peu prendre la défense de Garry Kasparov. Anatoli Karpov, pourtant membre de la très officielle Chambre civile russe, a critiqué la décision de l'emprisonner. Mais c'est surtout l'ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev qui a déclaré jeudi : "Avoir emprisonné Kasparov pendant cinq jours, c'est disproportionné".