Quel rôle pour Jacques Chirac dans la campagne présidentielle ?

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Administrator User , modifié à
PARIS (Reuters) - S'il a promis de s'engager pleinement dans la campagne électorale, Jacques Chirac s'est gardé pour l'instant de choisir clairement un camp, se retranchant derrière son rôle de "président de tous les Français".

"Ce que je sais, c'est que le président a toujours placé au-dessus de tout la défense de l'intérêt national", explique dans un entretien publié par Le Parisien Dominique de Villepin, pour qui la France s'approche d'un "moment solennel".Le chef de l'Etat doit s'adresser aux Français dimanche soir.Après avoir distillé dans ses voeux réflexions et propositions pour la France de demain, Jacques Chirac a passé à demi-mot le relais à son successeur, quel qu'il soit, lors de ses derniers rendez-vous internationaux.A la fin du sommet Afrique-France de Cannes, il s'est adressé aux "candidats éventuels", afin que "tous aient conscience de l'importance capitale que l'Afrique a pour le monde".Lors d'une cérémonie en hommage à l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri à l'Institut du monde arabe, il a assuré que la France entretenait avec le Liban une "relation d'exception, qui se perpétuera en toute hypothèse".La grande inconnue reste le soutien qu'il apportera, ou pas, au candidat de sa famille politique, Nicolas Sarkozy.Son retrait de la scène politique pourrait s'effectuer en deux temps: allocution radio-télévisée dimanche soir avant une autre intervention en faveur du ministre de l'Intérieur, une option dont on doute au Parti socialiste."Jacques Chirac va s'amuser un peu avec (François) Bayrou", que les sondages consacrent comme le "troisième homme" de la présidentielle 2007, prédit un "éléphant" du PS."De toutes façons, le pire service que (le chef de l'Etat) puisse rendre à Nicolas Sarkozy, c'est de le soutenir, de lui dire de continuer son grand oeuvre: cela scellera la fin de la rupture" chère au candidat de l'UMP, s'amuse l'élu de gauche.Dans le livre de Pierre Péan, "L'inconnu de l'Elysée", Jacques Chirac rend un hommage poli à Nicolas Sarkozy, un homme "actif, intelligent, un homme politique de premier ordre".Mais il ne parle pas du président de l'UMP comme d'un homme d'Etat, qu'il juge par ailleurs "spontanément plus libéral" que lui-même.En choisissant de soutenir Edouard Balladur en 1995, Nicolas Sarkozy a terni sa chance d'être un jour sacré dauphin par Jacques Chirac.JUPPÉ DAUPHIN NATUREL, VILLEPIN LOIN DE L'AVENTINLe président de la République était représenté par son épouse Bernadette lors de l'intronisation de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP, fin novembre 2004. Mais le 14 janvier dernier, il n'a envoyé aucun message au Congrès de l'UMP qui a officialisé l'entrée du ministre de l'Intérieur dans la course à l'Elysée.Le titre de dauphin a longtemps été réservé à Alain Juppé. "Le meilleur d'entre nous", selon l'expression de Jacques Chirac, avait été placé dans les starting-blocks avec son élection à la présidence de l'UMP à l'automne 2002. Un envol stoppé net par la justice en 30 janvier 2004.Condamné en appel à 14 mois de prison avec sursis dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris, l'ancien Premier ministre s'exile pendant un an au Canada. De retour en France l'an dernier, Alain Juppé a retrouvé sa mairie de Bordeaux mais renoncé pour l'instant à toute ambition nationale.Après son entrée à Matignon, en juin 2005, Dominique de Villepin aurait pu sans doute compter sur un soutien chiraquien si une fenêtre s'était ouverte pour lui sur la présidence.La mobilisation contre le Contrat première embauche (CPE) du printemps 2006 a eu raison des ambitions de l'ancien secrétaire général de l'Elysée.Dans ses entretiens avec Pierre Péan, Jacques Chirac endosse le poids de cet échec. "Il faut toujours reconnaître ce qui relève de sa responsabilité. Comme dans l'armée, le chef est toujours responsable des bévues de ses subordonnés", dit-il.Dominique de Villepin a longtemps entretenu le flou sur son rôle en 2007, dans l'espoir inavoué de profiter d'une éventuelle baisse de régime de Nicolas Sarkozy avant de jeter l'éponge."J'entends à la fois défendre mes idéaux au service de mes convictions et de ma famille politique (...) Personne n'imagine que je sois homme à me retirer sur un quelconque Aventin", explique-t-il dans Le Parisien.Le 20 février sur RTL, le Premier ministre avait pourtant laisser entendre qu'il pourrait quitter la scène politique après les élections, en excluant de participer au gouvernement de Nicolas Sarkozy et de briguer un siège de député."Il ne faut pas revenir en arrière. Il faut constamment avancer dans la vie", avait-il déclaré.