Procès Ramda : les victimes racontent leur souffrance

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Une vingtaine de personnes blessées ou choquées lors de trois des attentats de 1995 à Paris ont témoigné jeudi au procès de l'islamiste algérien Rachid Ramda. Elles ont raconté face à l'accusé, jugé pour complicité présumée, les souffrances qu'elles continuent d'endurer douze ans plus tard.

"Pourquoi la haine?", ce sont les mots d'Esther Shungu, qui voyageait dans le RER visé par l'attentat dit de "Saint-Michel" (8 morts, environ 150 blessés) le 25 juillet 1995. Comme elle, une vingtaine de personnes blessées ou choquées lors des attentats de 1995 se sont adressé jeudi à Rachid Ramda. Elles ont décrit la scène de l'explosion, le chaos sur les quais et leurs séquelles physiques ou psychologiques. La plupart de ces victimes, environ 200 au total sont parties civiles au procès, étaient employés de bureaux, intérimaires ou étudiants à l'époque des faits. Certaines ont perdu leur emploi. Pour beaucoup les troubles auditifs ou les crises d'angoisse sont encore très invalidants douze ans plus tard. François Blanchet, amputé de plusieurs orteils et hospitalisé deux mois après l'explosion survenue dans un autre RER près de la station Musée d'Orsay le 17 octobre (une trentaine de blessés), a interpellé l'accusé la voix hachée par l'émotion. "C'est lui qui m'a empêché de faire mon service militaire, alors que c'était important pour moi, pour la relation avec mon père", a déclaré cet homme de 34 ans, fils d'un général de l'armée.

Confronté à leurs récits, Rachid Ramda a semblé jeudi attentif dans le box, baisse parfois la tête, ne répond jamais. Né en Algérie il y a 38 ans, il comparaît depuis le 1er octobre et pendant tout le mois devant la cour d'assises spéciale de Paris pour répondre de complicité dans trois attentats de 1995 (ceux des stations Saint-Michel, Maison-Blanche et Musée d'Orsay), des actes revendiqués par l'organisation algérienne Groupe islamique armé (GIA). D'après l'accusation, il s'est chargé de transférer en France, depuis Londres où il vivait à l'époque, l'argent qui a servi à fabriquer les bombes. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.