Procès Colonna : une audience en Corse sous très haute surveillance

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La cour d'assises spéciale qui juge Yvan Colonna pour l'assassinat du préfet Erignac a tenu dimanche une véritable audience à ciel ouvert. Un déplacement placé sous très haute surveillance. Yvan Colonna a posé pour la première fois le pied sur l'île depuis son arrestation il y a plus de quatre ans. Défense et accusation estiment chacune de leur côté que ce déplacement a permis d'accréditer leur thèse sur le nombre de personnes composant le commando qui a tué le Préfet.

Arrivés sous la pluie, les sept juges, les avocats, les deux avocats généraux, assistés de photographes et d'un balisticien, sans compter l'accusé, ont déjeuné à l'aéroport d'Ajaccio avant de prendre le chemin de Pietrosella. La gendarmerie de ce village du sud du golfe d'Ajaccio a été la cible d'une attaque à l'explosif en septembre 1997, à laquelle Yvan Colonna est accusé d'avoir participé avec un commando de nationalistes. Ils avaient pris brièvement en otage deux gendarmes, volant leurs armes, dont l'une allait servir à l'assassinat à Ajaccio de Claude Erignac, le 6 février 1998.

Puis la cour a attendu que la nuit tombe pour visiter à Ajaccio la rue Colonel Colonna d'Ornano, où le préfet Claude Erignac a été tué de trois balles dans la nuque le soir du 6 février 1998. Isolé par un cordon de police, le cortège est arrivé sur les lieux du drame dans l'indifférence : pas un drapeau nationaliste aux fenêtres, pas un slogan sur les murs, à peine un ou deux applaudissements en faveur de l'accusé.

Il ne s'agissait pas d'une reconstitution des faits mais d'un "transport de justice", c'est-à-dire d'une simple visite des lieux du crime. Enjeu principal des débats : estimer la validité des thèses de la défense et de l'accusation sur le nombre de personnes composant le commando qui a tué le préfet Erignac. La défense voulait "démontrer que le nombre des membres du commando est plus élevé que celui qu'indique l'accusation", et que s'ils répugnent à exonérer le berger, c'est qu'ils "protègent d'autres personnes", a expliqué l'un des avocats de l'accusé, Me Pascal Garbarini. "La visite de Pietrosella valide la thèse qu'il y avait manifestement plus de monde", s'est-il félicité. A Ajaccio, sur les lieux de l'assassinat, pour Me Benoît Chabert, avocat des parties civiles, au contraire, "le troisième homme peut parfaitement être un peu plus loin à gauche, il peut être caché. Cela confirme le fait qu'il y avait bien trois hommes et cela infirme totalement la thèse de la défense". Le verdict doit être rendu à la fin de la semaine. Yvan Colonna risque la prison à perpétuité.