Procès Colonna : Claude Guéant nie avoir tenté d'influencer Roger Marion

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le secrétaire général de l'Elysée a nié vendredi devant la cour d'assises spéciale de Paris avoir tenté d'influencer le témoignage de l'ancien chef de la police antiterroriste Roger Marion, témoin au procès d'Yvan Colonna. Par ailleurs, le patron du Raid, Christian Lambert, a déclaré qu'Yvan Colonna n'a pas été dénoncé par un informateur corse moyennant rémunération, comme l'assure un livre de journalistes. Deux policiers de l'unité d'élite ont eux témoigné masqués et par visioconférence.

Au 20ème jour du procès d'Yvan Colonna, le secrétaire général de l'Elysée a nié vendredi avoir tenté d'influencer le témoignage de l'ancien chef de la police antiterroriste Roger Marion, autre témoin au procès, affirmant l'avoir reçu parce qu'il s'inquiétait de menaces téléphoniques "à l'accent corse". Claude Guéant était appelé à témoigner par la défense du berger corse. "Je subodore une subornation de témoin", a lancé Me Antoine Sollacaro, l'un des avocats d'Yvan Colonna. "Je n'ai en aucune façon influencé le témoin", a répliqué Claude Guéant, soulignant que cette rencontre de 20 minutes avait eu lieu le 19 octobre, et que le procès du berger corse n'y avait été que brièvement évoqué, en fin d'entretien, sans aborder le fond. Les avocats de l'accusé citaient un article de l'hebdomadaire Le Point, daté du 8 novembre, affirmant que Claude Guéant avait convoqué à l'Elysée l'ancien chef de la division nationale antiterroriste (DNAT) Roger Marion, qui a conduit un temps l'enquête sur l'assassinat du préfet, et a à ce titre déposé au procès d'Yvan Colonna. Roger Marion, aujourd'hui préfet hors-cadre, avait pris rendez-vous via "mon secrétariat", parce qu'il "était ému par des menaces qui lui étaient parvenues sur sa messagerie de portable, qu'il considérait sérieuses et dont la voix était marquée de l'accent corse", a expliqué Claude Guéant, précisant que M. Marion n'avait pas souhaité porter plainte.

Par ailleurs, la cour d'assises spéciale de Paris s'est penché ce vendredi sur l'arrestation d'Yvan Colonna le 4 juillet 2003. Le patron du Raid de l'époque, Christian Lambert, est venu expliquer à la barre comment il a interpellé Yvan Colonna après 4 ans de cavale dans une bergerie isolée du maquis corse, près de Propriano. "Ca pourra peut-être vous tranquilliser, vous n'avez pas été balancé", a dit Christian Lambert, un policier proche de Nicolas Sarkozy, s'adressant à Yvan Colonna depuis la barre des témoins. Christian Lambert était interrogé par ses avocats sur un livre de journalistes qui affirme que c'est Christian Casanova, un policier corse du raid, qui a obtenu l'information décisive pour sa capture moyennant une rémunération à son indicateur de 300.000 euros. "Il n'y a pas eu de renseignement qui m'ait amené plus rapidement à Yvan Colonna", a dit le patron du Raid.

Le berger de Cargèse a répondu à Christian Lambert que le fait de savoir s'il avait été balancé ne l'intéressait pas. Par contre, Yvan Colonna s'est levé à un moment et a fait remarquer à Christian Lambert que le policier Christian Casanova était présent à son arrestation. Après qu'il ait été maîtrisé et plaqué au sol sur un chemin du maquis où il tentait de fuir, Yvan Colonna a raconté avoir vu venir un officier du Raid qui s'est présenté. "Il m'a dit : 'qui tu es ?' Je lui ai répondu : 'je suis Yvan Colonna '. Casanova m'a parlé en corse et l'officier a dit 'ici, vous parlez pas corse'", a raconté l'accusé. Christian Lambert a aussi dit ne pas pouvoir répondre sur une autre allégation de presse selon laquelle le Raid aurait détruit des documents relatifs au berger de Cargèse après son arrestation. "Je n'ai jamais été informé de la disparition de documents", a-t-il dit.