Procès Agnelet : le mystère du week-end de la Toussaint 1977

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La deuxième journée du procès de Jean-Maurice Agnelet, rejugé pour l'assassinat d'Agnès Le Roux, s'est concentrée sur le week-end de la Toussaint 1977. C'est à ce moment là que la jeune femme a mystérieusement disparu. Son amant Jean-Maurice Agnelet, acquitté en première instance en 2006, reproduit depuis lundi le comportement qu'il avait eu à Nice lors du premier procès alternant sanglots et voix chevrotante lors de sa disposition.

Agnès Le Roux est-elle partie en voyage, sans en avertir ses proches, ce fameux week-end de la Toussaint 1977, où elle a mystérieusement disparu ? C'est cette question qui était mardi au coeur des débats de la deuxième journée du procès de Jean-Maurice Agnelet, accusé de l'assassinat de la jeune femme, héritière du casino du Palais de la Méditerranée à Nice. Question qui n'avait été abordée qu'après deux semaines d'audience en première instance en 2006. Pour Jean-Maurice Agnelet, le déroulement de ce week-end est clair : après avoir envisagé de partir avec Agnès, il a finalement décidé de le consacrer à son autre maîtresse, Françoise Lausseure, qui venait de lui faire "une scène". Agnès, elle, serait partie de son côté.

La famille de la jeune femme ne croit pas à cette théorie. Agnès Le Roux était éprise de liberté, comme l'affirme son frère. Mais c'est "hors de question, ce n'est pas envisageable" qu'elle ait pu disparaître durant un "temps long" sans donner de nouvelles. Le président de la cour d'appel semble s'interroger également. Il note des contradictions dans les déclarations de l'accusé, une constante chez ce dernier.

Jean-Maurice Agnelet a lui pleuré à chaudes larmes lorsque le président de la cour lui a demandé d'évoquer le souvenir d'Agnès Le Roux. L'accusé a décrit par le menu "le calvaire que cette affaire lui faisait endurer depuis 30 ans". "Pas un jour de ma vie sans y penser", a-t-il dit dans un souffle. "Alors que j'approche bientôt des 70 ans et que je suis las, fatigué. La vérité sur la disparition d'Agnès ? Je la cherche tous les jours Mr le président. Depuis 30 ans, je reçois des torrents d'injures, de calomnies, d'insinuations, on m'accuse de tous les péchés, de toutes les perversions, mais moi je vous le dis, je n'ai pas tué Agnès". "J'ai vécu avec elle 517 jours" a-t-il précisé, "elle était libre, entre nous c'était un amour fort (...) Pour elle, j'ai fait des folies". Jean-Maurice Agnelet a reconnu avoir entretenu, dans les années 70, jusqu'à trois ou quatre liaisons concomitantes. Des femmes plus ou moins jeunes qui tombaient sous son charme et pour certaines le couchaient sur leur testament.

L'ombre de sa première femme a aussi plané sur cette journée. Citée comme témoin à Nice en décembre, Annie Litas n'est pas venue. Cette fois, elle n'est encore pas là. Annie Litas serait quelque part en voyage au Maroc. Les recherches entreprises pour la localiser et la faire revenir en France n'ont rien donné. Elle aurait confié à Françoise Lausseure qu'il lui a avoué un jour avoir tué Agnès Le Roux. Interrogé sur l'endroit où elle pourrait se trouver en ce moment, Jean-Maurice Agnelet a dit qu'il n'avait plus de nouvelles de son ex-femme depuis des années. Elle a dit à mes fils qu'elle ne voulait plus jamais entendre parler de moi". Les deux fils ont eux dit à la barre ne pas savoir où était leur mère.

Jean-Maurice Agnelet a bénéficié d'un non-lieu en 1985 puis d'un acquittement en décembre 2006. Le parquet de Nice a fait appel du verdict. Jean-Maurice Agnelet est donc jugé en appel depuis lundi et jusqu'au 12 octobre devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. L'ultime supplément d'enquête demandé l'été dernier s'est révélé infructueux. Il s'agissait d'une dernière vérification sur un terrain de la Grave-de-Peille, au-dessus de Nice, où, selon un témoin, la jeune femme aurait pu être enterrée. Tous les experts dépêchés sur place ont été formels. Les résidus découverts sous une couche d'un mètre de terre mélangée à de la chaux vive n'étaient pas ceux de restes humains, seulement des particules végétales. Agnès Le Roux a trahi sa mère par amour pour Jean-Maurice Agnelet. Elle lui a fait perdre le Palais de la Méditerranée contre trois millions de francs versés par le rival Jean-Dominique Fratoni. Puis elle a disparu à la Toussaint 1977. Son corps n'a jamais été retrouvé.