Près de la moitié des Français pensent qu'ils pourraient devenir SDF

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Alors que les travaux du "Grenelle de l'insertion" ont débuté ce vendredi, un sondage BVA pour l'association Emmaüs avec L'Humanité et La Vie montre que 47% des Français estiment qu'ils pourraient devenir un jour sans-abri. Par ailleurs, un an après la mobilisation des Don Quichotte en faveur des SDF, 75% des Français estiment que la situation des sans-abri est inchangée ou s'est même aggravée.

Ca n'arrive pas qu'aux autres. Les Français semblent avoir pris conscience que la précarité de plus en plus visible notamment dans les grandes villes et qu'elle peut toucher tout le monde, comme l'atteste un sondage BVA pour l'Association Emmaüs, l'Humanité et La Vie. Selon l'enquête, pour 47% des Français, l'éventualité de devenir SDF un jour est probable. Ceux qui se sentent menacés se trouvent plutôt parmi les ouvriers, les ménages modestes, les moins de 50 ans, et les sympathisants de gauche. Le sentiment de précarité a peu évolué en un an puisqu'en 2006, ils étaient 48% à craindre de se retrouver à la rue.

71% des Français considèrent aussi que le sort des SDF n'a pas changé en un an, c'est-à-dire depuis que l'installation des tentes au canal Saint Martin a mis les sans-abri à la une de l'actualité. Mais 21% jugent qu'ils sont mieux pris en charge. Ils sont favorables à l'ouverture de centres d'hébergement dans leur quartier et disent leur opposition aux mesures d'interdiction des SDF en centre-ville. Actuellement, on ne sait pas vraiment combien il y a de sans-abri en France : 15.000 ou 100.000 selon qu'on considère les personnes durablement à la rue ou les sans-abri occasionnels.

Parmi lesSDF, 60% estiment que leur situation n'a pas changé ou s'est dégradée. 26% d'entre eux pensent au contraire que leur situation s'est améliorée, évoquant en particulier l'extension des horaires d'ouverture des centres d'hébergement qui leur évite de se retrouver à la rue dès le matin. La consultation des sans-abri a été réalisée à partir de l'exploitation de 419 questionnaires tirés au sort parmi les 731 remplis les 5 et 6 novembre par des SDF hébergés dans des centres hébergement d'urgence et des centres d'accueil de jour Emmaüs.

Le Grenelle de l'insertion a été ouvert vendredi à Grenoble par le Haut commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, qui a réuni pour deux jours représentants des élus locaux, associations et monde de l'entreprise. La consultation devrait durer six mois, l'objectif est une refonte des dispositifs d'insertion et d'aides sociales. Des pistes sont tracées, certaines expérimentées déjà, comme le RSA (Revenu de solidarité active) dans une quarantaine de départements, qui permet un retour à l'emploi de bénéficiaires de minima sociaux sans perte de revenus, grâce à un complément versé par les départements ou l'Etat. L'association Agir contre le chômage (AC!) a estimé jeudi dans un communiqué que les réformes en discussion "sont déjà prises" et risquent de "léser" les personnes en situation de grande précarité. Elle juge le RSA "complexe, inégalitaire". Par ailleurs, l'Association Emmaüs a soumis aux pouvoirs publics et aux candidats aux élections municipales dix mesures "immédiates et concrètes" pour venir en aide aux sans-abri et aux mal-logés.