Premier test social pour le tandem Sarkozy-Fillon

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le gouvernement aborde son premier conflit social d'ampleur à l'occasion de la journée d'action contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, marquée par une forte grève dans les transports, ce jeudi. Nicolas Sarkozy a d'ores et déjà affiché sa volonté de rester ferme sur le sujet.

Tout en disant s'attendre à une "forte mobilisation", le couple exécutif a affiché sa détermination et a exclu que le pays puisse être paralysé comme en 1995 par les grèves, qui avaient poussé alors à l'abandon de la réforme. "Il y a des réformes à faire, tout le monde le sait. J'ai été élu pour ça, on va les faire tranquillement, en maintenant le dialogue", a déclaré le président Nicolas Sarkozy mardi soir. François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste a cependant invité le gouvernement à négocier.

Les syndicats de cheminots, en première ligne du conflit, reprochent au gouvernement de n'avoir dégagé aucun espace de négociation sur le fond du projet de réforme des régimes spéciaux de retraite et d'avoir renvoyé les discussions sur les modalités au dialogue au sein des entreprises concernées. "Le gouvernement doit changer le cadre de sa réforme, modifier sa conception de l'harmonisation des régimes de retraite en convoquant une réelle négociation", prévient Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, mercredi dans Le Monde.

Nicolas Sarkozy entend aligner les régimes spéciaux de retraite sur celui de la fonction publique, une promesse de campagne électorale qui repose selon lui sur "un principe d'équité et d'égalité". Le document d'orientation soumis aux syndicats propose d'allonger progressivement la durée de cotisation de 37 ans et demi à 40 ans d'ici à 2012. Les régimes spéciaux concernent environ 1,6 million de personnes, principalement à EDF, GDF, à la SNCF et la RATP. Les syndicats de cheminots, par exemple, clament haut et fort que les agents de la SNCF ne sont pas des privilégiés et que les régimes créés en 1909 visaient à tenir compte de contraintes qui existent toujours, comme les horaires décalés. Ils ajoutent qu'en échange de la possibilité de partir à 55 ou 50 ans, les cheminots touchent de plus petites retraites. "On nous demande de travailler plus longtemps et de toucher moins", martèle Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT Cheminots, qui croit à une communauté d'intérêts avec les Français. Selon lui, la réforme des régimes spéciaux préfigure en effet une "nouvelle attaque" du régime des retraites après les élections municipales de mars prochain.

Les Français semblent eux partagés sur le bien-fondé de la grève, qui pourrait être reconduite vendredi par trois syndicats de la SNCF sur huit, dans l'attente le 22 octobre d'une réunion susceptible de déboucher sur d'autres mobilisations. A en croire un sondage BVA pour le Figaro et LCI, 55% des sondés, contre 43%, estiment que la grève de jeudi n'est pas vraiment ou pas du tout justifiée. Mais selon une enquête CSA pour L'Humanité, 54% des sondés disent soutenir la mobilisation, 26% y étant hostiles et 17% indifférents.