Premier épisode judiciaire pour l'affaire Edouard Stern

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Pour la première fois, Cécile Brossard, meurtrière présumée du banquier français Edouard Stern, s'est présentée devant la justice suisse mercredi. Il s'agissait d'une audience technique mais elle a donné le ton du procès qui devrait avoir lieu l'an prochain. Même si c'est autour de la personnalité de la jeune femme que tourne une bonne partie de cette affaire, les avocats de la famille d'Edouard Stern ont accusé Paris d'avoir sali le défunt.

Un peu moins de deux ans après la mort d'Edouard Stern, l'affaire arrivait mercredi pour la première fois devant la justice. Il s'agissait d'une audience technique au Palais de justice de Genève en présence de la meurtrière présumée du banquier français. Cécile Brossard, qui est emprisonnée depuis mars 2005 à la prison de Champ-Dollon (Genève), a avoué le meurtre de son amant, commis en février de la même année au domicile genevois du banquier. Edouard Stern, classé au 38e rang des fortunes françaises, a été tué de quatre balles alors qu'il était revêtu d'une combinaison en latex évoquant une relation sado-masochiste avec sa maîtresse.

Avant même le début du procès, les avocats de la famille Stern ont plaidé l'assassinat prémédité commis par une femme manipulatrice, alors que la défense a soutenu la thèse du crime passionnel d'une Cécile Brossard victime d'une relation perverse. En retraçant le fil des événements, Me Bonnant, avocat de la famille, a décrit Cécile Brossard comme une femme rusée et âpre au gain, "une cocotte" qui "a attisé les fantasmes d'un homme de 50 ans", tombé dans la dépendance "d'une petite blonde de banlieue à la sexualité déviante". Après quatre ans de liaison, "elle entend en tirer un avantage matériel" d'Edouard Stern, explique l'avocat. Selon lui, le million de dollars demandé par Cécile Brossard à son amant, qui le lui a versé avant de se rétracter, est l'élément déclencheur du drame. Mais pour Me Pascal Maurer, avocat de l'accusée, c'est elle qui a été victime d'un harcèlement moral. Cette relation l'a conduite "jusqu'à l'anorexie, à sa dégradation morale et à sa dégradation physique", a insisté l'avocat. Selon Me Maurer, Edouard Stern, grand chasseur, aurait repéré en Cécile Brossard "le gibier de qualité", qu'il souhaitait à tout prix ne pas perdre.

Cette première audience a vu l'accusation reprocher aux autorités françaises d'avoir sali le défunt pour défendre les intérêts de l'ex-ministre des Finances Thierry Breton. Me Marc Bonnant a établi un lien entre les descriptions peu avantageuses faites dans les médias de la personnalité du banquier assassiné et des intérêts politiques. "Les premiers torrents de boue, la première salve venait des officines parisiennes pas trop loin du pouvoir. Parce que Edouard Stern plaidait contre Rhodia, qui n'était pas trop loin du ministre des Finances", a-t-il lancé. Edouard Stern avait déposé une plainte en 2003 contre l'entreprise chimique Rhodia, dont Thierry Breton a été administrateur entre 1998 et 2002 avant de devenir ministre des Finances. Une information judiciaire a été ouverte à Paris en 2004 pour présentation de comptes inexacts et diffusion d'informations fausses et mensongères.