Depuis des mois, Benazir Bhutto négociait un partage du pouvoir avec le président Musharraf en vue des législatives de 2008. Volontairement exilée pour échapper à des accusations de corruption quand elle était au pouvoir, elle est rentrée au Pakistan le 18 octobre dernier. Deux semaines après, Pervez Musharraf, menacé de destitution par la Cour suprême, a décrété l'état d'urgence.
"Nous ne pouvons pas travailler avec quelqu'un qui a suspendu la Constitution, imposé l'état d'urgence et qui opprime le pouvoir judiciaire" a déclaré lundi l'ancien Premier ministre qui annonce avoir définitivement rompu le dialogue avec le président. Elle appelle à une "longue marche" mardi, de Lahore à Islamabad pour obtenir la levée de l'état d'urgence.
Plus de 3.000 opposants, dont une grande majorité d'avocats, magistrats et défenseurs des droits de l'Homme, ont été emprisonnés ou sont assignés à résidence depuis le début de l'état d'urgence. Benazir Bhutto s'est elle-même retrouvée assignée à résidence vendredi. Un décret permet aussi depuis ce jour à des tribunaux militaires de juger des civils pour des crimes allant jusqu'à la trahison et la sédition.
Les autorités diront dans la soirée s'ils autorisent la marche. La rue avertit déjà que si non, il y aura des affrontements.
Dimanche, sous la pression de la rue et de Washington, Pervez Musharraf a annoncé qu'il maintenait le calendrier électoral en promettant les législatives avant le 9 janvier.