"Pacte 2012" : une réforme profonde de la fonction publique

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le président de la République a plaidé mercredi, à l'Institut régional d'administration de Nantes, pour une refondation de la fonction publique, qu'il juge en proie à un malaise généralisé et il a invité les fonctionnaires à y participer. Nicolas Sarkozy a aussi estimé qu'il "manque un point de croissance par an à la France pour régler ses problèmes sociaux et économiques".

A chaque jour son discours. Après celui au Sénat mardi sur les questions sociales, Nicolas Sarkozy s'est attaqué mercredi après-midi à la fonction publique. "Nous devons refonder une fonction publique où les fonctionnaires n'auront pas le sentiment d'être réduits à l'impuissance", a-t-il dit à Nantes devant un aréopage de futurs fonctionnaires à l'Institut régional d'administration (IRA). "Le malaise est partout", a-t-il estimé. "Il est dans l'Etat qui est devenu impécunieux et impuissant en même temps qu'il ne cessait de s'étendre pour devenir tentaculaire." "Le moment est venu de reconstruire. Le moment est venu de refonder l'Etat, de refonder le service public, de refonder la fonction publique." "Cette refondation, je ne la ferai pas tout seul. Je veux l'accomplir avec vous. Je souhaite l'accomplir avec tous les Français", a ajouté Nicolas Sarkozy à l'adresse de son auditoire.

Le non remplacement d'un départ en retraite sur deux dans la fonction publique a été réitéré par Nicolas Sarkozy. Il se fera "au fur et à mesure de l'avancée des réformes". Le chef de l'Etat n'a pas donné de précision chiffrée sur les suppressions de poste envisagées dans l'Education nationale. "Le rythme de diminution des effectifs de l'Education nationale sera fonction des progrès réalisés dans la remise à plat des programmes et des rythmes scolaires", a-t-il dit. "Il n'y a pas de réforme de l'Etat et de la fonction publique envisageable sans une revalorisation des carrières des fonctionnaires (...) Je souhaite une fonction publique moins nombreuse, mieux payée", a-t-il déclaré. Nicolas Sarkozy a aussi souhaité que "pour certains emplois de la fonction publique", les "nouveaux entrants" puissent choisir "entre le statut de fonctionnaire ou un contrat de droit privé négocié de gré à gré".

La croissance a aussi été abordée par Nicolas Sarkozy. "Il manque en moyenne à notre pays un point de croissance économique par an pour que nous puissions financer notre santé, notre retraite, pour que nous puissions espérer atteindre le plein emploi, réduire notre fracture sociale, régler nos dettes et pour que les enfants puissent espérer vivre mieux que leurs parents", a déclaré le président de la République. "Pour l'essentiel, cette croissance, cette prospérité, nous ne les trouverons pas en dehors de nous mais en nous", a-t-il poursuivi. "Nous ne pouvons pas nous contenter de compter sur les autres. Il nous faut d'abord compter sur nous-mêmes." "Il nous faut travailler davantage, investir davantage, prendre plus de risques, avoir plus d'audace et porter le goût d'entreprendre." Les économistes du groupe technique de la commission économique de la nation prévoient en moyenne une croissance de 1,8% du PIB français en 2007 et de 2% en 2008. Ils rejoignent ainsi les prévisions de l'OCDE (1,8% pour 2007) et de la Commission européenne (1,9%). Le gouvernement table sur environ 2,25%.

Nicolas Sarkozy a proposé aussi une réforme du statut même de la fonction publique. Le président de la République a notamment avancé l'idée d'un choix donné aux nouveaux entrants dans la fonction publique : un statut de fonctionnaire classique ou un contrat de droit privé qui serait négocié au cas par cas. A terme, l'entrée dans la fonction publique ne serait pas gage d'un emploi à vie. Nicolas Sarkozy propose ainsi la mise en place d'un "pécule" qui pourrait inciter certains fonctionnaires à quitter l'administration s'ils le désirent.

En terme de rémunération, Nicolas Sarkozy a proposé une individualisation des salaires qui prendrait en compte le mérite, l'implication, l'expérience ou encore les résultats. Le président de la République a estimé que l'objectif de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux pour 2008 servirait précisément à dégager des ressources pour mieux payer ceux qui restent dans la fonction publique. Nicolas Sarkozy a reconnu dans la foulée que ce grand chantier était difficile. "Mais il ne faut pas avoir peur de l'ouvrir, tant on est loin de l'idéal de la fonction publique de l'après-guerre au point que l'on combine désormais tous les inconvénients de l'égalitarisme sans avoir aucun des avantages de l'égalité, à commencer par la transparence", a conclu le président de la République.