Nomination du juge Courroye : Clément passe outre l'avis du CSM

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Administrator User , modifié à
Le ministre de la justice, Pascal Clément, vient de signer le décret de nomination du juge d'instruction Philippe Courroye au poste de procureur de la République de Nanterre (Hauts-de-Seine), malgré l'avis défavorable rendu par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Il est probable que la nomination de Philippe Courroye va continuer à alimenter la polémique sur les nominations de proches collaborateurs de Jacques Chirac à des postes-clés, à quelques semaines de la fin du mandat du chef de l'Etat. Le ministre de la justice Pascal Clément a signé jeudi le décret qui nomme Philippe Courroye procureur de la République de Nanterre. Le document doit ensuite être contresigné par Jacques Chirac pour entrer en vigueur, ce qui semble acquis. Si ce choix fait aujourd'hui couler beaucoup d'encre, c'est parce que le Conseil supérieur de la magistrature s'était opposé à la nomination de Philippe Courroye. Selon le CSM, Philippe Courroye, actuellement juge d'instruction, est loin d'avoir l'expérience nécessaire pour diriger du jour au lendemain le quatrième parquet de France. Il s'agit en effet d'un poste stratégique : les Hauts-de-Seine sont un des départements les plus riches de France, il comporte beaucoup de sièges sociaux de grandes entreprises, qui se trouvent à la Défense. Par ailleurs, c'est aussi le fief de Nicolas Sarkozy. De quoi faire réagir de nombreux magistrats, car le juge Courroye est considéré comme un proche du ministre de l'Intérieur. Cette nomination serait ainsi un geste politique selon les deux principaux syndicats de la magistrature. "Nous dénonçons ce verrouillage politique qui se poursuit et s'amplifie", a affirmé Hélène Franco, secrétaire général du Syndicat de la magistrature. En effet c'est à Nanterre qu'est localisée la seule instruction judiciaire visant explicitement Jacques Chirac pour la prise en charge de salaires de cadres du RPR par la ville de Paris au début des années 1990. Or c'est également Philippe Courroye qui avait rendu un non-lieu dans l'affaire des "frais de bouche" du couple Chirac à l'Hôtel de Ville de Paris. Interrogé par le Monde la semaine dernière sur l'avis défavorable du CSM, le juge Courroye avait déclaré : "Je n'ai de leçon d'indépendance à recevoir de personne".