Nicolas Sarkozy revendique une diplomatie offensive

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le chef de l'Etat a prononcé ce lundi un grand discours sur l'état du monde, le premier depuis son entrée en fonctions il y a trois mois. Nicolas Sarkozy s'exprimait devant l'ensemble des ambassadeurs de France réunis à l'Elysée pour l'ouverture de leur XVe conférence. Il a affirmé la primauté "absolue" de la construction européenne, maniant un vocabulaire sévère à l'égard de la Russie, dont il a dénoncé la "brutalité", et de la Chine, trop encline à "bafouer" les règles sociales.

Dans un mois, Nicolas Sarkozy fera son baptême du feu à la tribune de l'Onu, à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies. En attendant, le président français faisait sa rentrée devant la conférence des ambassadeurs de France réunis à l'Elysée. Dans son discours, le chef de l'Etat a assoupli sa position sur l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne tout en adoptant un style très offensif, en rupture avec celui de son prédécesseur, Jacques Chirac. Le nucléaire iranien - "la crise la plus grave qui pèse aujourd'hui sur l'ordre international" - lui a fait employer des mots inédits. "Un Iran doté de l'arme nucléaire est pour moi inacceptable", a déclaré le chef de l'Etat. Pour lui, si Téhéran ne respectait pas ses obligations, la communauté internationale sera face à "une alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran". Une semaine après la visite surprise à Bagdad du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, avec qui il a dit travailler "en totale confiance", Nicolas Sarkozy a répété que Paris demeurait "hostile à cette guerre" et réclamé à Washington "un horizon clair concernant le retrait des troupes étrangères" d'Irak. Partisan d'un dialogue "sans complaisance et sans tabou" avec les "alliés" américains de la France, Nicolas Sarkozy, qui a rencontré George Bush pendant ses vacances sur la côte Est des Etats-Unis, a haussé le ton pour dénoncer le manque d'efforts consentis par son homologue pour lutter contre le réchauffement de la planète. "Quand on revendique le leadership, il faut l'adopter dans tous les domaines", a-t-il insisté dans la salle des fêtes du palais présidentiel. "Quand on est une grande puissance, on doit ignorer la brutalité", a-t-il poursuivi à l'adresse cette fois de Moscou, coupable à ses yeux d'user sans ménagement de ses "atouts" énergétiques pour s'imposer sur la scène mondiale. La Chine, a souligné le chef de l'Etat, est également en train de transformer sa "quête insatiable de matières premières en stratégie de contrôle, notamment en Afrique", au mépris des "normes sociales" et en utilisant le yuan comme une arme politique. Adepte d'un élargissement du Conseil de sécurité de l'Onu, Nicolas Sarkozy a notamment suggéré de transformer le G8 en G13 en y invitant les puissances émergentes que sont la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique et l'Afrique du Sud. Au Moyen-Orient, il a laissé ouverte la porte d'un dialogue avec la Syrie, invitée à agir pour favoriser une sortie de crise au Liban. "Si Damas s'engageait dans cette voie, alors les conditions d'un dialogue franco-syrien seraient réunies", a-t-il expliqué. Un mois après son voyage en Libye, Nicolas Sarkozy a confirmé son désir de voir le pays de Mouammar Kadhafi "rejoindre le concert des Nations". Enfin, le président a placé la construction européenne au rang de "priorité absolue de notre politique étrangère", défendant une Europe de la défense "indépendante", qui ne saurait s'opposer à l'Alliance atlantique. La France prendra "des initiatives très fortes" en ce sens dans les mois qui viennent, a-t-il annoncé. Un discours marqué par un infléchissement de sa position dans le dossier turc. Le chef de l'Etat, qui avait répété durant sa campagne présidentielle qu'il ferait obstacle à l'adhésion à l'Union européenne de ce "pays d'Asie mineure" a dit qu'il ne s'opposerait pas à l'ouverture de nouveaux chapitres de négociation avec ce pays. Mais il a assorti cet assouplissement d'une condition : l'ouverture avant la fin de l'année d'une réflexion sur l'avenir de l'Europe à l'horizon 2020-2030, qui pourrait être confiée à un comité "de dix à douze sages de très haut niveau".