Moscou fait deux pas en avant, trois pas en arrière

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La Russie, qui avait promis une réponse "appropriée" à l'expulsion lundi de quatre de ses diplomates en poste à Londres, a riposté par une mesure analogue à l'encontre de la Grande-Bretagne. Mais si Vladimir Poutine a qualifié ce conflit avec Londres de "mini-crise", il s'est aussi dit "certain" qu'elle allait être "surmontée". Au delà de la Grande-Bretagne, ce sont toutes les relations avec l'Europe qui sont en jeu.

"Mini-crise" ou premiers signes d'une nouvelle Guerre froide ? Entre la Russie et la Grande-Bretagne, les relations n'ont jamais été aussi tendues mais chaque camp s'avance finalement avec prudence dans l'engrenage, se gardant bien de faire un pas plus loin que l'autre. Jeudi, le président russe Vladimir Poutine a annoncé une normalisation des relations avec la Grande-Bretagne, prédisant que la "mini-crise" actuelle serait surmontée. Quelques heures auparavant, il avait cependant annoncé l'expulsion de quatre diplomates britanniques en réponse à la même sanction décidée lundi par Londres. Cette réplique de Moscou "aux actions inamicales de la Grande-Bretagne envers la Russie", que Londres avait par avance jugée injustifiée, a été signifiée par écrit dans la journée à l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Moscou par le ministère russe des Affaires étrangères. Les quatre diplomates britanniques déclarés persona non grata, dont les identités et rangs n'ont pas été dévoilés, se voient accorder dix jours pour quitter le territoire russe, a précisé le porte-parole du ministre, Mikhaïl Kamynine. Ce dernier a annoncé en outre la suspension de la délivrance de visas d'entrée en Russie aux responsables gouvernementaux britanniques. "Je pense que les relations entre la Russie et la Grande-Bretagne se développeront normalement, car c'est dans l'intérêt des deux pays", a expliqué Vladimir Poutine bien conscient que derrière la Grande-Bretagne, c'est toute l'Europe et au-delà une sorte de bloc de l'Ouest qui risquait d'entrer en conflit. L'Union européenne et les Etats-Unis ont ainsi apporté leur soutien à la Grande-Bretagne dans son bras de fer avec la Russie, dont les deux pays se sont efforcés de tenir à l'écart leurs florissantes relations économiques, financières et commerciales. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a qualifié l'assassinat de l'ex-espion Alexandre Litvinenko de "crime terrible" et jugé que "la Russie devait accepter la demande d'extradition" du principal suspect dans cette affaire, formulée par Londres.Mais certains observateurs avancent que la crise entre la Russie et la Grande-Bretagne pourrait avoir des racines beaucoup plus profondes que le simple cas Litvinenko, autour en particulier du sort de la Tchétchénie. Pour preuve, parmi les mesures de riposte annoncées par Moscou, il y a la suspension de la coopération anti-terroriste entre les deux pays. Or depuis plusieurs mois déjà la Grande-Bretagne se refuse à considérer la Tchétchénie comme un conflit avec des terroristes mais plutôt comme une question de droits de l'homme. L'affaire Litvinenko pourrait donc n'être que la partie immergée de l'iceberg dans la crise entre la Russie et la Grande-Bretagne et au-delà l'Union Européenne.