Cinq meurtres, c'est le nombre de crimes pour lesquels Nicolas Panard a été mis en examen ce jeudi à Montbéliard (Doubs). L'annonce a été faite par son avocat Me Eric Muller. Il s'agit de quatre meurtres commis en Alsace et un en Franche-Comté. Le ministère public avait demandé son incarcération. Le juge des libertés et de la détention a lui décidé de sa remise en liberté sous contrôle judiciaire avec un bracelet électronique. Il a estimé qu'il n'y avait "pas d'indices graves et concordants et qu'il ne saurait être question de demander la détention provisoire". La juge a ajouté que les éléments du dossier étaient constitués "de suppositions et de supputations d'une construction intellectuelle qu'aucun élément matériel ne vient étayer". Le sexagénaire est sorti du palais de justice sous escorte policière et n'a pas fait de déclarations. L'homme âgé de 68 ans avait été arrêté mardi chez lui à Mulhouse dans le cadre d'une information judiciaire portant sur six meurtres commis entre 1983 et 2000.
C'est la ténacité d'un policier de Montbéliard, qui a enquêté durant deux années, et de celle d'un vice-procureur qui a conduit à l'interpellation de Nicolas Panard. En recoupant des informations, en interrogeant le logiciel informatique Salvac de la police, le policier travaillant sur un crime commis en 1991 à Sochaux a constaté que le nom d'un homme revenait souvent, pour fréquenter le même milieu que celui des victimes : celui de la prostitution, des cabarets et des travestis.
Le suspect, âgé de 68 ans et lui-même artiste transformiste, pourrait au total être mis en cause dans 18 meurtres, selon les éléments recueillis par le journal L'Alsace. La majorité des crimes ont eu lieu en Alsace, quatre en Franche-Comté voisine et trois dans la région parisienne. Ce qui a alerté les enquêteurs, c'est le profil des victimes : des homosexuels. Autre point commun : la violence des crimes. Toutes les victimes auraient succombé d'abord à un fort coup sur la tête puis à des coups de couteaux répétés.
L'homme était déjà connu des services de police pour des faits de cambriolage. Un complice présumé, un Tunisien âgé de 43 ans, déjà condamné pour le meurtre d'un agent d'assurances homosexuel à Riedisheim (Haut-Rhin) et qui purge sa peine en région parisienne, a également été entendu au commissariat de Montbéliard mercredi. Il serait en fait l'amant de Nicolas Panard. Plusieurs autres personnes sont aussi entendues sans plus de précision mais les policiers ne peuvent s'appuyer, dans ce dossier, que sur les éventuels témoignages des suspects. Le vice-procureur de Montbéliard a d'ailleurs appelé mercredi à la plus grande prudence dans cette affaire car il n'y a pour l'instant "aucune preuve formelle" contre Nicolas Panard qui nie les faits.