Mis et Thiennot, la révision 60 ans après ?

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Administrator User , modifié à
Quelques semaines après l'affaire Seznec, la commission de révision des condamnations pénales s'est penché lundi sur une des autres grandes affaires du système judiciaire français. Elle a étudié la condamnation à 15 ans de travaux forcés de Raymond Mis et Gabriel Thiennot pour le meurtre d'un garde-chasse en 1946. Les deux hommes ont toujours nié les faits et leurs aveux ont été obtenus sous la torture. Au cours de ses conclusions, l'avocat général n'a pas fermé la porte à la saisine de la Cour de révision.

60 ans après les faits, la justice pourrait reconnaître une erreur et même un entêtement. La commission de révision des condamnations pénales a étudié lundi l'affaire Mis et Thiennot afin de décider ou non de transmettre le dossier à la Cour de révision. Il s'agit de la 5ème requête, elle a été déposée le 9 juin 2005 après celles de 1980, 1984, 1991 et 1996. Toutes ont été rejetées. Cette fois, seul Raymond Mis, 79 ans, est encore en vie. Gabriel Thiennot est décédé le 2 juin 2003 à l'âge de 76 ans. L'avocat général Laurent Davenas a estimé qu'il n'existait pas d'élément nouveau mais a cependant estimé que les circonstances de cette affaire et la qualité de l'enquête effectuée à l'époque pouvaient conduire la commission à "avoir le doute du doute" et à transmettre le dossier à la Cour de révision. L'affaire remonte à 1946. Le 31 décembre, Louis Boistard, disparu depuis deux jours et garde-chasse d'un très grand domaine qui appartient à un industriel du sucre, est retrouvé mort dans l'étang des Saules à Saint-Michel-en-Brenne dans l'Indre. La police s'intéresse à un groupe de chasseurs auquel appartiennent Raymond Mis et Gabriel Thiennot. Après huit et cinq jours de garde à vue très musclés, les deux hommes âgés de 19 ans avouent. Puis ils se rétracteront affirmant avoir été torturés, une torture attestée par un rapport de 1953 retrouvé dans les archives de la Justice. Mis et Thiennot passeront trois fois devant les assises, fait assez rare. La cour de Cassation ayant annulé les condamnations de mai 1947 par la cour d'assises de l'Indre et de décembre 1948 par celle de la Vienne, c'est finalement la cour d'assises de la Gironde qui les condamnera à 15 ans de travaux forcés pour meurtre en juillet 1950. Ils seront graciés en 1954 par le président René Coty.