Meurtre d'une malade d'Alzheimer : la peine symbolique est confirmée

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Un octogénaire était jugé depuis mardi devant les Assises du Val de Marne pour le meurtre de son épouse qui était atteinte de la maladie d'Alzheimer. Les jurés ont refusé mercredi de l'acquitter mais ont suivi la voie de la peine symbolique requise par l'avocat général : un an de prison avec sursis. A l'audience, le vieil homme a expliqué qu'il n'arrivait plus à faire face à la maladie de son épouse.

Ce meurtre a été, selon l'accusé, la conclusion terribled'une histoire d'amour de près de 50 ans. En janvier 2003, cet octogénaire a étranglé sa femme atteinte de la maladie d'Alzheimer. Son procès pour meurtre a débuté mardi devant les Assises du Val de Marne. A la barre, l'homme n'a pu qu'avouer sa détresse face à la maladie de son épouse. Une détresse que les jurés ont visiblement entendu. Mercredi, ils n'ont pas voulu acquitter l'octogénaire mais l'ont condamné à une peine d'un an de prison avec sursis. C'était précisément ce qu'avait requis l'avocat général, parlant d'une peine symbolique.

La maladie d'Alzheimer est "une terrible maladie" qui, chez les proches, entraîne "un sentiment d'impuissance" devant "une dégradation irréversible", avait estimé l'avocat général Jean-Paul Content. Il avait rappelé que "personne n'a le droit de donner la mort, même à un proche, fût-ce à quelqu'un qui souffre". Avant de préciser que selon lui la place de l'accusé n'était certainement pas en prison. La défense avait elle plaidé l'acquittement mais avait aussi reconnu que le réquisitoire avait été d'une "rare humanité".

"Je devais faire sa toilette, changer ses draps. Elle oubliait des choses, ne savait plus la date, l'heure. Elle m'insultait, me disait que j'avais des maîtresses, que je n'étais pas allé la voir à l'hôpital. C'était toujours des discussions interminables", a raconté cet ancien charcutier. "J'avais dit au médecin de l'hôpital: 'la place de ma femme n'est pas à la maison'. Il m'a répondu: 'vous êtes grand, vous êtes fort, vous allez rentrer à la maison'" avec elle", a-t-il encore expliqué. Pour justifier son geste, l'octogénaire a dit avoir craqué dans un moment de "rage".

Le fils du couple est également venu à la barre pour expliquer que le médecin avait laissé sa mère sortir de l'hôpital alors que la famille n'avait pas eu le temps de trouver un lieu d'accueil adapté. Pour un voisin, l'accusé était "au bout du rouleau", il avait perdu 13 kilos. L'expert psychiatre a conclu que ce jour-là le discernement du retraité "avait été en partie altéré par sa souffrance psychique". L'homme est reparti libre de la cour d'Assises du Val de Marne.