Magistrats, avocats et greffiers sur les marches du Palais

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les magistrats français ont cessé le travail lundi à Marseille, Strasbourg, Lyon et Paris pour dénoncer l'agression d'un juge des enfants, la semaine dernière, à Metz. A leurs côtés, les avocats et les greffiers. Vendredi soir, Rachida Dati avait annoncé un plan d'urgence pour la sécurité des tribunaux.

La ministre de la Justice, Rachida Dati, a annoncé vendredi le déblocage de 20 millions d'euros pour l'achat de portiques de sécurité et le recrutement d'urgence de personnels pour les faire fonctionner, à la suite de l'agression d'un magistrat au tribunal de Metz. Elle a également annoncé que cinq autres millions d'euros seront débloqués pour renforcer, par le recrutement de 500 vacataires, les greffes des tribunaux. La pauvreté du système français, situé dans le peloton de queue des 27 pays européens avec 2,34% du budget de l'Etat en 2007, empêcherait actuellement l'application d'environ un tiers des peines pénales prononcées. Ce plan "est une mesure très positive, la ministre reconnaît qu'il y a un problème majeur de sécurité. Mais c'est un rassemblement en solidarité avec notre collègue que nous avions prévu, je ne vois pas pourquoi on annulerait quoi que ce soit", a déclaré Bruno Thouzellier, président de l'Union syndicale de la magistrature (USM), à l'origine du mouvement. "De plus, une annonce de 20 millions d'euros, c'est bien, mais il faut la mettre en musique. Je suis inquiet sur la capacité de l'institution à la transformer en prise de décision réelle sur le terrain", a-t-il ajouté. L'action n'était pas soutenue par le deuxième syndicat du corps, le Syndicat de la magistrature (à gauche), qui estime que le problème du système judiciaire ne peut se résumer à une question de sécurité. Pour Emmanuelle Perreux, présidente du SM, "le discours axé sur le seul problème des portiques et de la sécurité est simplificateur". "Il y a la nécessité de s'interroger sur la façon dont on prend en charge les justiciables et notamment les populations les plus fragiles", explique-t-elle. Le Syndicat de la magistrature réclame donc des moyens supplémentaires pour l'accueil des tribunaux. Cet affrontement entre syndicats de magistrats prend place dans le contexte des élections professionnelles dans le corps judiciaire, qui se déroulent du 4 au 13 juin. Tout a commencé avec l'agression dont a été victime mardi dernier un juge des enfants. Jacques Noris, vice-président du tribunal de Metz, a été blessé à coups de couteau par la mère d'un mineur alors qu'il présidait une audience d'assistance éducative dans son cabinet. Il a été hospitalisé et ses jours ne sont plus en danger. La femme qui l'a poignardé a été mise en examen pour tentative d'homicide et internée dans un établissement psychiatrique.