Lucie Aubrac, une lumière de Résistance s'est éteinte

  • Copié
Administrator User , modifié à
Elle était l'une des dernières figures de la Résistance. Lucie Aubrac est décédée mercredi soir à 94 ans à l'Hôpital suisse de Paris à Issy-les-Moulineaux. Elle fut l'une des fondatrices du mouvement Libération-sud. L'ensemble de la classe politique a salué sa mémoire et des voix de droite comme de gauche se sont élevées pour proposer son transfert au Panthéon, aux côtés de Jean Moulin. Sa vie avait été adaptée au cinéma par le réalisateur Claude Berri en 1997.

Lucie Aubrac, grande figure de la Résistance, est décédée mercredi soir, à 20h30, à l'Hôpital suisse de Paris à Issy-les-Moulineaux, en banlieue parisienne. Elle avait 94 ans. Elle était hospitalisée depuis deux mois et demi. Une cérémonie sera organisée aux Invalides pour l'inhumation de la résistante. L'ensemble de la classe politique a salué jeudi la mémoire de Lucie Aubrac. Des voix de droite comme de gauche se sont élevées pour proposer son transfert au Panthéon, aux côtés de Jean Moulin. Jacques Chirac a fait part de sa "tristesse" et de son "émotion" et dit dans un communiqué qu'"une lumière de la Résistance s'est éteinte cette nuit". Le chef de l'Etat, qui a téléphoné au mari de Lucie Aubrac, Raymond, a salué "une figure emblématique de l'engagement des femmes dans la Résistance". Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a estimé que "Lucie Aubrac restera à jamais dans nos mémoires et celle de nos enfants comme un symbole d'honneur et un idéal pour tous les Français". Pour Ségolène Royal, première femme à avoir une vraie chance d'accéder à l'Elysée, Lucie Aubrac "a incarné la lutte des Français pour la liberté et dans ce combat a illustré la participation des femmes". De son côté, Nicolas Sarkozy a rendu hommage à celle qui "refusa la soumission de la France, la haine et l'antisémitisme". "Au nom du courage et de l'amour, elle prit tous les risques", rappelle le candidat de l'UMP. Pour la Ligue des droits de l'Homme, "il est des noms, très rares, qu'il suffit de prononcer pour que s'éclaire l'essentiel. Pour tous les Français, le nom de Lucie Aubrac est de ceux-là". Lucie Bernard dite Aubrac est née le 29 juin 1912 près de Mâcon. Agrégée d'histoire, elle est professeur au lycée de Strasbourg, où elle rencontre d'ailleurs Raymond Samuel qu'elle épouse en décembre 1939. Après avoir milité contre la montée du fascisme, elle rejoint les rangs de la résistance à l'occupation allemande dès 1940 en participant à la création du mouvement Libération-sud, qui publie le journal Libération. Le 21 juin 1943, près de Lyon, Raymond Aubrac est arrêté par Klaus Barbie, avec Jean Moulin, le chef du Conseil national de la Résistance (CNR) et une dizaine de résistants. Quatre mois plus tard, elle réussit à les faire évader de manière spectaculaire. Son mari aura été arrêté trois fois par la Gestapo. En février 1944, le couple gagne Londres. Plus tard, elle ne cessera de militer et poursuivra son engagement, notamment pour Amnesty international. Elle se mobilisera aussi pour les sans-papiers. En avril 2006, en pleine crise du CPE, Lucie Aubrac avait signé un "Appel des résistants" appelant les Français à mettre un terme à la "casse sociale du pouvoir actuel". Lucie Aubrac a écrit plusieurs livres expliquant son engagement, dont "Ils partiront dans l'ivresse" (1984) et "La résistance expliquée à mes petits enfants" (2000). En 1997, Claude Berri a rendu hommage à son passé de résistante, avec le film "Lucie Aubrac". Elle était incarnée à l'écran par Carole Bouquet.