Les mauvais comptes du Front national

Le parti cherche à vendre son ancien siège, à Saint-Cloud.
Le parti cherche à vendre son ancien siège, à Saint-Cloud. © Maxppp/Europe1
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Caroline Vigoureux , modifié à
S’il veut sortir du rouge, le parti de Marine Le Pen doit à tout prix vendre son ancien siège.

Les comptes du Front national ne sont pas aussi bons que ses chiffres aux élections cantonales. Déjà dans une situation financière catastrophique depuis quelques années, les choses se sont accélérées la semaine dernière. La Société générale, qui dispose d’une hypothèque sur "Le Paquebot", l’ancien siège du parti à Saint-Cloud, a concrétisé devant le Tribunal de Nanterre une procédure de saisie immobilière, révèle mercredi Paris Match.

"Nous allons les rembourser"

Le FN ayant présenté une promesse de vente à l’amiable devant le tribunal, la justice lui a accordé un délai de deux mois pour rembourser les 5,4 millions d’euros qu’il doit à la banque. "Nous allons les rembourser, nous allons sortir normalement très rapidement de nos difficultés financières", a assuré Marine Le Pen mercredi sur Europe 1.

Pour ne plus être dans le rouge, une seule solution s’offre donc au parti : vendre l'immeuble de Saint-Cloud. Un bâtiment de 5.000 m2 en bord de Seine, le tout pour 10 millions d’euros. "Les problèmes du FN seront résolus dès qu’on aura vendu le Paquebot", veut croire Wallerand de Saint-Just, trésorier et avocat du FN, contacté par Europe1.fr.

"On a du mal à conclure !"

Encore faut-il que le parti parvienne à céder ce bâtiment, dont il cherche à se débarrasser depuis plusieurs années. Wallerand de Saint-Just assure qu’il existe plusieurs "acquéreurs potentiels", qui présentent des "offres sérieuses". Mais pour l’heure rien n’est fait et le FN préfère en rire : "c’est un peu comme Michel Blanc dans Les Bronzés font du ski, on a du mal à conclure !", plaisante le trésorier.

Comment le parti en est-il arrivé là ? Lors des élections législatives de 2007, le Front national avait garanti auprès de la Société générale les emprunts de ses candidats. Sauf que, face à des résultats calamiteux, nombre d’entre eux n’ont pas recueilli un score suffisant pour obtenir le remboursement de leur campagne. Résultat, le FN n’est pas parvenu à rembourser la somme qu’il devait à la banque.

4.000 adhérents depuis janvier

Mais le Front national veut rester confiant. D’autant que le nombre d’adhésions - première source de financement du parti - connaît un bond depuis quelques mois. "Le nombre d’adhérents a doublé depuis le mois de novembre avec l’effet Marine", se félicite Wallerand de Saint Juste, qui dit avoir enregistré 4.000 adhésions depuis le congrès du parti en janvier. Pour le reste, le parti est financé par les dons, les subventions annuelles ainsi que les reversements d’élus.

Surtout, le FN ne veut pas que l’état de ses finances ne complique la tâche de Marine Le Pen pour 2012. Pour financer sa campagne, la leader frontiste a déjà son idée : "je vais faire comme tout le monde, je vais demander un prêt à des banques en espérant que celles-ci, qui sont tellement amies du pouvoir, vont faire leur 'job' et je vais demander, si on me le refuse, à tous les Français de m'aider", assurait-elle mercredi sur Europe1.

Un micro-parti ?

Marine Le Pen envisage même de créer un micro-parti en vue de la présidentielle pour ne pas supporter les dettes du FN, selon Paris-Match. Wallerand de Saint-Juste ne dément pas l’information. Il explique qu’ "il est habituel pour un parti politique de créer une structure adepte à recevoir des dons à titre personnel, et non pas pour sa formation". Mais il assure qu’il ne s’agit pas là de se décharger des difficultés financières du FN.

Créer un micro-parti, c’est ce qu’a fait Jean-Marie Le Pen en 1988, avec Cotelec, qui a permis à l’ancien leader frontiste de recueillir des dons pendant des années, en dehors du Front national. Et pour l’heure, rien n’exclut que Marine Le Pen ne reprenne cette formation à son compte.