Les intermittents rejettent la médiation du gouvernement

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avec AFP , modifié à
La nomination de Jean-Patrick Gilles, chargé de dialoguer avec les intermittents, n'a pas apaisé leur colère. Ils poursuivent leur grève.

Une avancée, mais en aucun cas un effort suffisant de la part du gouvernement. La nomination du député PS Jean-Patrick Gilles, chargé d'ouvrir le dialogue avec les intermittents du spectacle, n'a pas eu l'effet escompté sur ces derniers, qui se mobilisent depuis plusieurs mois pour s'opposer à la future convention chômage qui réforme leur statut. Le secrétaire général de la CGT spectacle Denis Gravouil a réagi à la prise de poste de Jean-Patrick Gilles se réjouit qu'une "brèche s'ouvre", mais il a tempéré ses propos, ajoutant que cela ne fera "pas cesser le mouvement", au contraire.

Des manifs depuis plusieurs mois. Les intermittents, soutenus par le monde du spectacle, font monter la pression depuis plusieurs mois, avec un préavis de grève national pour tout le mois de juin. Une trentaine d'intermittents du spectacle occupaient ainsi samedi en début de soirée l'Opéra Bastille, à Paris, où devait se dérouler une représentation de "La Traviata", a annoncé la coordination des intermittents et précaires d'Ile-de-France.

Pour la CGT, cette nomination ne change rien. Le 28ème Printemps des Comédiens à Montpellier "vient de reconduire la grève pour 48 h", donc jusqu'à mardi, et "au fur et au mesure de la semaine, on va avoir d'autres annonces de grève" qui sont déjà décidées à Thionville, Boulogne-sur-Mer et Toulouse, a-t-il prévenu.

"Un dialogue avec l'ensemble des parties". "Pour répondre à certaines inquiétudes exprimées sur la situation des intermittents du spectacle, le Premier ministre, Manuel Valls a demandé au ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social, François Rebsamen et à la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, de lancer une mission de propositions", avait annoncé Matignon plus tôt dans la journée. Le député d'Indre-et-Loire doit conduire un "dialogue avec toutes les parties concernées". Jean-Patrick Gilles devra ensuite remettre ses propositions au gouvernement "sous 15 jours", selon le communiqué de Matignon. 

Jean-Patrick Gilles a été rapporteur en 2013 de la mission parlementaire sur les conditions d'emploi dans les métiers artistiques. "Comme les ministres l'ont proposé, il conduira un dialogue avec l'ensemble des parties concernées, pour évaluer, en mobilisant toutes les expertises disponibles", précisent les services du Premier ministre.

Manifestation intermittents

Une concertation cet été. Jean-Patrick Gilles devra aussi "formuler des propositions pouvant répondre aux difficultés qui seraient -le cas échéant- identifiées à l'issue de cette analyse", selon Matignon. Le député devra en outre "proposer une méthode pour la concertation tripartite Etat-syndicats-patronat prévue par l'accord sur les moyens de lutter contre la précarité dans les secteurs concernés". "Cette concertation devra s'engager dès cet été", conclut Matignon.

La convention qui fâche. Au cœur du conflit, l'agrément de la nouvelle convention chômage qui prévoit des économies sur le régime d'indemnisation des techniciens et des artistes du spectacle. Cette nouvelle convention, prévue dans la dernière semaine de juin, a d'ores et déjà été validée par trois syndicats (CFDT, FO, CFTC) et le patronat, dont le Medef.

C'était mieux avant ? Le régime actuel des intermittents compense la précarité attachée aux métiers de la culture, en échange de cotisations deux fois plus élevées que dans le régime général. Le Medef est hostile à un statut qu'il juge trop favorable et trop coûteux, et qui est à ses yeux une subvention déguisée à la culture. La négociation, partie sur des bases très radicales - le Medef demandant la suppression du régime - a finalement maintenu le statut des intermittents, mais l'a durci. Principal point qui cristallise la colère : les intermittents devront attendre plus longtemps avant de toucher des allocations.

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Quelles conséquences ? La mesure, qui doit générer 100 millions d'économies, va toucher 48% des intermittents contre 9% auparavant, selon le Syndeac. Le Syndeac, qui regroupe les employeurs de la culture, déplore pour sa part que le gouvernement n'ait pas "fixé une feuille de route" et ait "laissé le champ libre au Medef". Mais selon le ministre du Travail, la convention "sauvegarde le régime" et "elle est le résultat du dialogue social", puisque le texte a été signé par une majorité de partenaires sociaux.

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