Mardi à l'aube, un soldat libanais a été tué, ce qui porte le bilan des combats à au moins 79 morts (34 soldats, 27 miliciens et 18 civils). Jamais depuis la fin de la guerre civile de 1975-1990 le Liban n'avait connu d'affrontements intérieurs aussi meurtriers. Au moment où ces combats éclataient, des réfugiés palestiniens chassés par les bombardements manifestaient dans un camp voisin, à Beddaoui, pour réclamer un cessez-le-feu permanent qui leur permettrait de rentrer à Nahr al Bared. Une trêve fragile avait été conclue la semaine dernière pour permettre aux quelque 40.000 réfugiés qui vivaient alors dans le camp dans des conditions de plus en plus précaires de partir. Mais l'accord n'a pas empêché des affrontements par intermittence entre l'armée libanaise et les combattants sunnites du Fatah al Islam, qui partagent la même idéologie que le réseau Al Qaïda. Le gouvernement libanais réclame la reddition des combattants du Fatah al Islam. Selon les organisations palestiniennes qui font office de médiatrices dans la crise, le mouvement armé refuse de livrer ses combattants. "Nous ne sommes pas engagés dans cette bataille pour agresser des Palestiniens, mais pour repousser une agression contre les Palestiniens et les Libanais", a réaffirmé mardi le Premier ministre libanais, Fouad Siniora. Aux termes d'un accord interarabe négocié en 1969, l'armée libanaise ne peut pénétrer dans les douze camps de réfugiés palestiniens établis sur son territoire, où vivent quelque 400.000 Palestiniens.