Les collectivités locales à la diète ?

Non-remplacement fonctionnaires: Sarkozy pour l'étendre aux grosses collectivités
Non-remplacement fonctionnaires: Sarkozy pour l'étendre aux grosses collectivités © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
Sarkozy veut étendre aux collectivités le principe de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux.

Après une première pique de Valérie Pécresse la semaine dernière, Nicolas Sarkozy a, mardi, clairement épinglé la gestion des collectivités locales à qui il promet une diète dès l’élection passée. Dans une interview diffusée sur le site du magazine Acteurs publics, le président-candidat a ainsi souhaité que le principe du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux appliqué à la fonction publique s’étende aux "grosses collectivités territoriales".

"C'est un enjeu très important : depuis 2007, les collectivités territoriales ont créé 100.000 emplois, alors que l'État en supprimait 160.000", a-t-il martelé avant d’insister : "Il existe désormais dans le pays un grand consensus" pour que les collectivités locales s'engagent dans un "processus d'économies, sur leurs dépenses de personnel comme de fonctionnement, comme l'État l'a fait depuis 2007".

Un référendum sur la gestion des collectivités ?

Le président-candidat a ensuite précisé qu'une modulation des dotations de l'Etat  aux collectivités en fonction de leur attitude budgétaire était à l'heure actuelle une "possibilité".

Dans les colonnes du journal Le Monde, daté de samedi, la ministre du Budget Valérie Pécresse avait déjà prévenu que Nicolas Sarkozy convoquerait - s'il est réélu - un référendum en cas de désaccord avec les collectivités locales sur leur contribution à la réduction du déficit public. "Nous devrons passer un pacte de gestion économe avec les collectivités territoriales les plus importantes. Si l'on n'y parvient pas, il faudra poser la question aux Français", avait-elle alors insisté.

Est-ce réaliste ? 

Le président-candidat n’a pas encore chiffré "cet effort" qu’il attend des collectivités locales. Mais, en décembre dernier, l’UMP estimait dans son programme que ces collectivités devraient économiser "2 milliards d'euros par an sur cinq ans".

Est-ce réaliste ? "Les collectivités locales représentent 22% des dépenses publiques et il est tout à fait plausible qu’elles aient donc à contribuer à l’effort national", répond à Europe1.fr l’économiste Jérôme Bruno. "En 1998, leurs frais de personnels étaient de 28 milliards. Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à 50 milliards. On peut donc en déduire que les collectivités locales ont trop embauché et qu’il est normal qu’un effort leur soit demandé de ce côté-là".

Mais "le problème, c’est que les collectivités locales n’ont déjà plus un rond", analyse toutefois Philippe Waechter, économiste chez Natixis Asset Management.

"Elles n’ont déjà plus les moyens de faire face à leurs missions considérablement élargies ces dernières années. Comment dès lors feront-elles pour générer cet effort supplémentaire ? Elles augmenteront les impôts", prédit-t-il.