Les biocarburants, plus nocifs que le pétrole ?

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le journaliste Fabrice Nicolino publie le 3 octobre prochain une enquête intitulée "La faim, la bagnole, le blé et nous : une dénonciation des biocarburants" dans lequel il affirme que les biocarburants génèrent plus de gaz à effet de serre que les carburants traditionnels, au pétrole. Un point de vue percutant, à quelques semaines de l'ouverture du Grenelle de l'environnement.

La thèse est défendue par le prix Nobel de chimie 1995 Paul Crutzen. Elle est aussi présente dans une enquête inédite que s'apprête à publier le journaliste Fabrice Nicolino. Dans son ouvrage intitulé "La faim, la bagnole, le blé et nous : une dénonciation des biocarburants", à paraître le 3 octobre prochain, il affirme que les biocarburants engendrent plus de gaz à effet de serre que les carburants traditionnels, ceux au pétrole. Or ce sont eux qu'on propose justement de remplacer par les biocarburants pour protéger l'environnement. C'est pour éviter de remplacer un mal par un mal que Fabrice Nicolino estime nécessaire de tirer la sonnette d'alarme. A quelques semaines du Grenelle de l'environnement, son appel prend un écho tout particulier.

Ce n'est pas l'utilisation du biocarburant qui est en cause mais son mode de production par l'agriculture intensive. Dans la revue "Atmospheric Chemistry and Physics Discussions", le Prix Nobel Paul Curtzen révèle que, selon ses calculs, la production d'un litre de carburant issu de l'agriculture peut contribuer jusqu'à deux fois plus à l'effet de serre que la combustion de la même quantité de combustible fossile. Les cultures nécessaires à la production de biocarburants seraient responsables de très importantes émissions de protoxyde de carbone, un gaz encore plus néfaste pour l'environnement que le dioxyde de carbone. La faute aux engrais azotés utilisés dans l'agriculture et qui se dégraderaient beaucoup moins bien que ne le prévoyaient les experts du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC).

Il faut faire des études complètes selon Fabrice Nicolino. Pour ce journaliste, "les propagandistes des biocarburants oublient toujours de faire le bilan complet des biocarburants. Il faut savoir ce que ça libère comme gaz carbonique dans l'atmosphère de fabriquer des biocarburants et ça c'est très compliqué". Il invite à prendre en compte les engrais et les pesticides mis en oeuvre dans la culture de "plantations industrielles qui doivent être très productives". Selon lui, par ailleurs, ces champs destinés à la production de biocarburants sont installés notamment dans des pays tropicaux au détriment de la forêt tropicale locale dont le rôle était précisément de capter du carbone. "Hélas, les biocarburants, c'est pire, c'est bien pire que le pétrole. Et on est à un moment précis de l'histoire où on peut arrêter encore arrêter la machine" conclut Fabrice Nicolino.

Fannie Rascle

 

"La faim, la bagnole, le blé et nous : une dénonciation des biocarburants", Fabrice Nicolino, Fayard, à paraître le 3 octobre.