Les Justes entrent au Panthéon

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Le pouvoir de Vichy a été un déshonneur pour la France, où la République abdiqua pour laisser place à "une clique revancharde et haineuse". Déclaration de Jacques Chirac. Le chef de l'Etat a présidé jeudi soir au Panthéon une cérémonie en hommage aux Justes de France. Ces hommes et ces femmes qui ont aidé ou sauvé des juifs persécutés durant la Seconde Guerre mondiale. La cérémonie d'une heure au Panthéon a commencé par un discours de Simone Veil, présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.

Ils sont 2.725 "Justes parmi les Nations", reconnus comme tel par le mémorial de Yad Vashem de Jérusalem. Les Justes, ce sont ces hommes et ces femmes qui ont aidé ou sauvé des juifs. Jacques Chirac et Simone Veil leur ont rendu hommage jeudi soir. Hommage aussi à ceux qui ont aidé autrui, pendant la Seconde Guerre mondiale, au péril de leur vie et qui ne se sont pas fait connaître. Dans son discours, Jacques Chirac a fustigé le pouvoir de Vichy. En France, "le pays des Lumières et des droits de l'homme, le pays où tant de grands hommes se sont levés pour l'honneur du capitaine Dreyfus, le pays qui a porté Léon Blum à la tête du gouvernement, en France, un sombre linceul de résignation, de lâcheté, de compromissions recouvre les couleurs de la liberté, de l'égalité et de la fraternité", a déclaré le président de la République. "Le pouvoir de Vichy se déshonore, édictant de sa propre initiative, dès le 3 octobre 1940, le sinistre statut des juifs, qui les exclut de presque toutes les fonctions", a-t-il rappelé. Soudain, devant les "yeux incrédules" des juifs de France, "la République abdique, rend les armes à Pétain et à Laval, cède la place à une clique revancharde et haineuse", a ajouté le chef de l'Etat. Le discours du chef de l'Etat "vient boucler la boucle" de celui du 16 juillet 1995 au Vel d'Hiv, où il avait reconnu la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des juifs. Il s'inscrit aussi dans la droite ligne de celui de juillet 2004 au Chambon-sur-Lignon, village des Cévennes dont les habitants avaient caché des juifs durant la Seconde guerre mondiale. Ou encore de celui de juin dernier à Verdun, où Jacques Chirac avait rappelé que le maréchal Philippe Pétain, "vainqueur de Verdun" en 1916, fut aussi celui qui, en juin 1940, "couvrira de sa gloire le choix funeste de l'armistice, et le déshonneur de la collaboration". Il rejoint également ses interventions de l'an dernier sur l'instauration d'une journée de commémoration de l'esclavage, le 10 mai, ou encore l'hommage rendu le 12 juillet 2006 à l'occasion du centenaire de la réhabilitation d'Alfred Dreyfus.Jacques Chirac et Simone Veil ont ensuite dévoilé une inscription qui commence par ces mots : "Sous la chape de haine et de nuit tombée sur la France dans les années d'occupation, des lumières, par milliers, refusèrent de s'éteindre". "Bravant les risques encourus", les Justes "ont incarné l'honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d'humanité", peut-on lire sur cette plaque installée dans la crypte du Panthéon. La cérémonie s'est déroulée en présence de 200 à 250 "Justes" et juifs sauvés, accompagnés par nombre de leurs descendants. Le Premier ministre Dominique de Villepin, une grande partie du gouvernement, d'anciens responsables politiques comme Lionel Jospin et Edouard Balladur et les représentants des autorités religieuses de toutes les confessions étaient également présents. A trois mois de la présidentielle, le chef de l'Etat a aussi mis en garde contre les extrémismes et les tentations négationnistes. Dans son intervention, Jacques Chirac a souligné l'aspect contemporain du message des Justes, dont le combat "pour la tolérance et la fraternité, contre l'antisémitisme, les discriminations, le racisme, tous les racismes, est un combat toujours recommencé". "Si l'on transige avec l'extrémisme, il faut bien le mesurer, on lui offre un terreau pour prospérer, et tôt ou tard on en paye le prix", a-t-il prévenu. "Face à l'extrémisme, il n'y a qu'une attitude : le refus, l'intransigeance".