Les Antilles empoisonnées par les pesticides

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La Martinique et la Guadeloupe sont "empoisonnées" par les pesticides, affirme le cancérologue Dominique Belpomme, auteur d'un rapport qui sera rendu public mardi à l'Assemblée nationale, dans un entretien à Aujourd'hui en France/Le Parisien. Le ministre de l'Agriculture Michel Barnier a estimé lundi sur Europe 1 que la situation était "très grave".

C'est un rapport accablant sur l'usage des pesticides aux Antilles qui sera rendu public mardi à l'Assemblée nationale. Le cancérologue Dominique Belpomme, auteur de ce rapport, affirme lundi dans Le Parisien que "les expertises scientifiques menées sur les pesticides conduisent au constat d'un désastre sanitaire". Ce professeur à l'hôpital Georges Pompidou ajoute qu'"il s'agit d'un véritable empoisonnement de la Martinique et de la Guadeloupe". D'après Dominique Belpomme, qui a conduit récemment une mission scientifique dans ces deux département d'Outre-mer pour mesurer les conséquences de l'usage massif de pesticides par l'agriculture antillaise, "l'empoisonnement concerne le sol et l'eau".

Parmi les produits incriminés figurent "le chlordécone, le paraquat (interdit très récemment) et plusieurs dizaines d'autres pesticides utilisés dans des conditions opaques", explique le professeur. Il a constaté que le taux des cancers de la prostate est "majeur" aux Antilles mais que les scientifiques n'ont "pas encore la preuve épidémiologique" qu'ils sont "liés au chlordécone", un produit que "la France a interdit en 1990 sur son territoire, sauf... aux Antilles", a-t-il précisé. Le produit, interdit en 1993,aurait été utilisé clandestinement jusqu'en 2002.

Le ministre de l'Agriculture a estimé sur Europe 1 que la situation était "très grave" aux Antilles, où l'utilisation massive de pesticides dans l'agriculture a conduit à un "désastre sanitaire". "C'est une situation très grave", a estimé Michel Barnier. Le ministre a expliqué que cette situation était imputable à une gestion dans le passé qui a "des conséquences sanitaires aujourd'hui", notamment sur la "qualité des terres". La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a estimé lundi que les conclusions de ce rapport devaient être "confirmées par des études scientifiques de haute qualité". Mais elle juge l'affaire "très sérieuse", et "le principe de précaution doit prévaloir".

L'affaire est en tout cas maintenant entre les mains de la justice. Une plainte a été jugée recevable en août par le tribunal de Basse-Terre. Elle vise l'Etat pour empoisonnement.