Le procès d'Yvan Colonna s'est ouvert à Paris

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'assassin présumé du préfet de Corse Claude Erignac en 1998 comparaît depuis lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris. Yvan Colonna, vêtu de noir, est apparu pâle et amaigri dans le box des accusés. Arrêté en juillet 2003 en Corse après quatre ans de fuite, le berger du village de Cargèse est présenté par l'accusation comme celui qui a tué le préfet de trois balles. Lui se dit innocent et assure que la justice a fabriqué le dossier à son encontre.

C'est un procès très attendu qui s'est ouvert à Paris devant la cour d'assises spéciale de Paris, formée pour les affaires de terrorisme. Celui d'Yvan Colonna, arrêté après quatre ans de cavale en 2003 et assassin présumé du préfet de Corse Claude Erignac. Un dispositif de sécurité exceptionnel a été mis en place pour le dernier volet judiciaire d'un attentat dont six auteurs, membres d'un commando nationaliste, sont déjà sous les verrous. Lundi matin, Yvan Colonna est apparu pâle et amaigri dans le box des accusés.

Le président Dominique Coujard a commencé par décliner l'identité de l'accusé. "Né le 7 avril 1960, de Jean-Hugues et Cécile. Profession berger", a répondu Yvan Colonna, pull sombre et cheveux ras, avant de s'accouder à la rambarde du box, face à la famille du préfet : sa veuve Dominique et ses deux enfants. Au premier rang du public, le clan Colonna (père, frère, soeur, tante, ex-compagne..) se serrait sur un banc. Yvan Colonna a d'ailleurs adressé des gestes de la main à ses proches. Il n'a pas fait de déclaration lundi devant la Cour mais, par l'intermédiaire de ses avocats, il a dit qu'il entendait démontrer son innocence et mettre à mal ce qu'il appelle une "vérité d'Etat".

Lors de la première audience, une centaine de témoins ont été appelés par la cour d'assises spéciale de Paris à déposer à ce procès, qui doit durer un mois. Parmi ceux cités par la défense, l'ancien rugbyman Daniel Herrero viendra parler du temps où il enseignait le sport au jeune Yvan à Nice, avant que le nationaliste ne retourne sur l'île pour retrouver ses racines. Parmi les temps forts attendus de l'audience, les trois juges d'instruction de ce lourd dossier témoigneront le 28 novembre, deux jours après l'ancien chef de la division nationale antiterroriste (DNAT), Roger Marion, et le successeur de Claude Erignac, Bernard Bonnet, qui a promis dans la presse "d'éclairer certains faits d'un jour nouveau".

Le 5 décembre, Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, sera entendu à la demande de la défense d'Yvan Colonna à la suite d'un article du Point selon lequel il aurait convoqué récemment Roger Marion pour "s'assurer" qu'il "s'abstiendrait de tout règlement de comptes avec des policiers chargés de l'enquête". Claude Guéant a par avance démenti toute tentative d'influence. Le 3 décembre, ce sont les membres du commando qui quitteront leur cellule pour témoigner. Quatre d'entre eux avaient désigné Colonna comme un des leurs, lui plaçant même l'arme entre les mains avant de se rétracter en expliquant leurs dénonciations par des "pressions" policières.

Yvan Colonna a reçu lundi le soutien de plusieurs nationalistes venus de Corse pour clamer l'innocence du berger de Cargèse, comme le Dr Edmond Siméoni, figure historique, membre d'une des trois composantes du groupe Unione naziunale et conseiller territorial. "Nous venons demander un procès équitable, le respect de la présomption d'innocence. Nous ne sommes pas inquiets quant à l'issue du procès", a-t-il déclaré avant l'audience, tout en soulignant que "dans le cas corse, la justice ne s'exprime pas sereinement". Jean-Guy Talamoni, dirigeant de Corzica nazione indipendente, a lui aussi apporté son "soutien total et sans la moindre réserve". "Tous les Corses sont convaincus qu'il n'a rien à faire dans cette histoire mais il fallait un coupable", a-t-il ajouté.