Le procès Colonna se penche sur l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Après deux jours consacrés à l'acte d'accusation et à la personnalité de l'accusé, la cour d'assises spéciale de Paris a entamé mercredi l'examen des faits par l'attaque en septembre 1997 de la gendarmerie de Pietrosella, dont Yvan Colonna doit également répondre en plus de l'assassinat en 1998 du préfet de Corse Claude Erignac. Le berger de Cargèse a redit son innocence.

Le procès Colonna est entré mercredi dans le vif du sujet avec l'attaque à l'explosif contre la gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud) le 06 septembre 1997. Cet attentat est capital car les trois balles qui ont tué le préfet Erignac en février 1998 provenaient d'une des deux armes volées à deux gendarmes pris brièvement en otage lors de cette opération. En guise de signature, l'arme avait été laissée à côté du corps du préfet. Les gendarmes Didier Paniez et Daniel Herniaux ont décrit l'attaque, de nuit, par des hommes encagoulés et armés, non identifiables mais qui "parlaient corse entre eux", tandis que l'un (ou des) complice (s) dynamitai(en)t la gendarmerie. Les deux sont d'accord : il y avait cinq hommes dans la camionnette qui les a emmenés dans le maquis, sans compter au moins un autre avec lequel ils correspondaient grâce à un émetteur-récepteur.

De son côté, Yvan Colonna a redit comme mercredi qu'il était "innocent". "Je n'ai pas participé à l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella, pas plus qu'à celle contre le préfet Claude Erignac, pas plus que je n'appartiens au groupe des anonymes", nom donné par les enquêteurs aux sept militants responsables, selon eux, de ces deux actions. Six ont été condamnés en 2003 à des peines de prison de 15 ans à la perpétuité. Pour l'accusation, Colonna est le septième. Certains condamnés ont expliqué aux enquêteurs que c'était à cause du manque d'impact médiatique de l'attaque de Pietrosella qu'ils avaient décidé l'attentat contre Claude Erignac, "cible la plus symbolique", puisque plus haut représentant de l'Etat dans l'île.

Mercredi matin, le tribunal a bouclé les témoignagesdes proches de l'accusé pour cerner sa personnalité. Sa compagne Pierrette Serreri, 53 ans, a décrit la "vie de couple ordinaire" qu'elle a menée avec Yvan Colonna, malgré deux brèves séparations. Celle qui tient toujours un restaurant saisonnier à Cargèse a aussi parlé du beau-père "attentif" pour son fils Virgile, né d'un premier mariage, puis du père entretenant un lien "fusionnel" avec leur fils Jean-Baptiste, aujourd'hui âgé de 17 ans. "La seule chose qu'il n'ait pas faite, c'est de l'allaiter", a-t-elle dit, se disant "certaine" de l'innocence de son compagnon.

L'ancien rugbyman Daniel Herrero, barbe blanche et cheveux cerclés d'un bandana rouge, a évoqué les deux années où il a donné à Nice des cours au jeune Yvan qui se préparait alors à être professeur d'éducation physique. Avec un vocabulaire fleuri où il a évoqué la "psychée", le "vécu" ou la "dynamique relationnelle" de l'accusé, l'ancien sportif de 58 ans a décrit un jeune Colonna doué en football, "aux qualités intellectuelles incontestables".