Le "détail" de Fillon n'en est pas un pour l'opposition

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Devant le conseil national de l'UMP samedi, François Fillon a regretté que le débat sur l'immigration se soit focalisé sur les tests ADN, qu'il a qualifié de "détail". Un terme qui rappelle dans la mémoire collective les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz. Une maladresse très "malheureuse" pour le PS, un amalgame "insoutenable et indécent" selon le Mrap.

"Les polémiques ont grossi jusqu'au ridicule un détail" : après des semaines de polémique sur un amendement de la loi sur l'immigration prévoyant l'utilisation des tests ADN dans les procédures de regroupement familial, François Fillon a défendu le texte de son ministre Brice Hortefeux et du député UMP Thierry Mariani en utilisant le terme de "détail" lors du conseil national de l'UMP samedi à la Mutualité à Paris. Un mot qui a immédiatement déclenché une polémique. En 1987, Jean-Marie Le Pen, le président du FN, avait déjà employé ce même terme pour qualifier les chambres à gaz dans l'histoire de la Seconde guerre mondiale.

Du côté du PS,Vincent Peillon a reproché lundi matinà Nicolas Sarkozy et à sa majorité de jouer depuis longtemps "avec des choses dangereuses." A propos du recours au test ADN, Vincent Peillon estime que "ce n'est pas un détail, c'est quelque chose d'essentiel. C'est comme si l'on disait 'la démocratie, les droits de l'homme, c'est un détail'. Là, je pense qu'il fait une erreur", explique le député européen socialiste. François Hollande avait lui estimé dimanche que le sujet "était suffisamment grave pour qu'on ne parle pas de détail" même s'il a refusé de rentrer dans la polémique sémantique. Il a surtout demandé au gouvernement de retirer ce texte. Lundi dans la matinée, le conseil de PS a aussi tenté de calmer le jeu en affirmant qu'il ne s'agissait pas de faire un "procès d'intention" à François Fillon mais de reconsidérer l'importance du texte.

Le leader du MoDem, François Bayrou, a lui estimé que "c'est souvent dans le 'détail' que surgit l'essentiel". Il a dénoncé un "texte qui n'est pas conforme aux valeurs républicaines, philosophiques et spirituelles de la France". Pour le secrétaire général de l'UMP Patrick Devedjian, pourtant, il faut "vraiment beaucoup de malveillance pour faire un amalgame" entre les propos de François Fillon et ceux de Le Pen.

La levée de boucliers a été immédiate également chez les défenseurs des droits de l'homme. "En employant sciemment le mot 'détail', le Premier ministre vient de franchir les limites de l'insoutenable et de l'indécence", a ainsi expliqué le président du Mrap. Le directeur général de France Terre d'Asile y a vu "une stratégie préélectorale préoccupante".