Le contrat nouvelles embauches hors-la-loi

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le contrat nouvelles embauches, introduit il y a deux ans par le gouvernement Villepin, a été déclaré contraire au droit international et aux "principes fondamentaux du droit du travail" par la cour d'appel de Paris. Cette décision de justice pourrait sonner le glas du CNE, sauf si le dossier était porté en cassation et que la décision était annulée.

La justice a donné un sérieux coup de canif dans le contrat nouvelles embauches... Le CNE est "contraire aux dispositions de la Convention de l'Organisation internationale du travail et n'est pas applicable en l'espèce". La cour d'appel de Paris a ainsi statué dans une affaire concernant une employée licenciée un mois après avoir été embauchée ; affaire déjà tranchée en sa faveur en première instance par le tribunal des prud'hommes de Longjumeau en avril 2006. Son CNE sera donc requalifié en contrat à durée indéterminée (CDI) de droit commun, explique la cour d'appel. La plaignante était soutenue par la CGT, la CFDT et la CFTC. Dans les attendus, le CNE est qualifié de "régression" par la cour. Imaginé en août 2005, ce contrat de travail permet aux petites entreprises de licencier sans motif pendant une période d'essai de deux ans. La décision de la cour d'appel de Paris pourrait sonner le glas du contrat nouvelles embauches, sauf si le dossier était porté en cassation et que la décision était annulée. Mais le parquet général n'a pas encore dit s'il comptait saisir la plus haute juridiction française. Le gouvernement avait expliqué la création du CNE par les effets attendus sur la relance de l'embauche. Les syndicats jugent qu'aucun emploi nouveau n'a été créé, le gouvernement estime le contraire. La version applicable aux jeunes, le CPE (contrat première embauche), a été abandonnée après une vague de manifestations de rue au printemps 2006. La cour d'appel souligne que le CNE "prive le salarié de l'essentiel de ses droits en matière de licenciement, le plaçant dans une situation comparable à celle qui existait antérieurement à la loi du 13 juillet 1973 dans laquelle la charge de la preuve de l'abus de la rupture incombait au salarié". "Cette régression va à l'encontre des principes fondamentaux du droit du travail", ajoute la cour. Les juges soulignent qu'aucun pays européen ne connait de contrat de travail avec deux ans de période d'essai. Elle réfute les arguments du gouvernement en faveur du CNE. "Dans la lutte contre le chômage, la protection des salariés dans leur emploi semble être un moyen au moins aussi pertinent que les facilités données aux employeurs pour les licencier", ajoutent les magistrats. "Il est pour le moins paradoxal d'encourager les embauches en facilitant les licenciements."