Le consensus, obsession du ministre Macron

© AFP
  • Copié
Louis Hausalter , modifié à
COULISSES - Le ministre de l'Economie a pris soin de déminer étape par étape son projet de loi, examiné cette semaine par l'Assemblée nationale.

C'est parti pour le sprint. Le projet de loi d'Emmanuel Macron est examiné à partir de lundi après-midi par les députés. Un texte préparé avec soin par le ministre de l'Economie. Depuis qu'il a repris l'élaboration de cette loi "pour la croissance et l'activité", héritée de son prédécesseur Arnaud Montebourg, ce ministre novice a tenté de déminer au maximum les hostilités. Et c'est dans ce même état d'esprit qu'il compte aborder la discussion parlementaire.

>> LIRE AUSSI - Loi Macron : le ministre de l'Economie au crash-test

Des déjeuners avec les députés. "Il n'est clairement pas dans le rapport de force, mais dans la volonté de trouver un consensus", assure son entourage à Europe 1. Ces dernières semaines, Emmanuel Macron a multiplié les entretiens en petit comité avec les parlementaires, ciblant particulièrement l'aile gauche du PS, où plusieurs élus comptent voter contre le texte. Il a notamment pu compter sur l'entremise du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui lui a organisé plusieurs déjeuners avec des députés. "Il a mené une grande opération séduction de sa majorité", observe un député UMP.

Ferrand Richard 1280

© Europe 1

Le choix des personnes aussi a joué. "Il est allé chercher des gens qui ont une aura à l'Assemblée, et qui ne passent pas pour être des petits soldats du gouvernement", fait-on valoir à Bercy. Comme Richard Ferrand, le rapporteur général du texte (photo), qui ne passe pas pour un hollandais convaincu : il avait soutenu Martine Aubry lors de la primaire de 2011. On trouve même des "frondeurs" du PS - certes modérés -  parmi les rapporteurs thématiques, chargés d'éclairer la commission sur des points précis du projet de loi.

>> LIRE AUSSI - Les frondeurs du PS à l'épreuve de l'union nationale

Concessions. Emmanuel Macron a voulu montrer ce visage du consensus dès la première étape de l'examen parlementaire, le passage du texte en commission spéciale. Une semaine de débat qui a débouché sur l'adoption de 495 amendements. L'équipe du ministre y voit une preuve de son ouverture aux propositions des députés. Emmanuel Macron a fait plusieurs concessions, notamment en rendant une totale liberté aux maires sur l'ouverture des commerces le dimanche, alors qu'il était question d'autoriser chaque année cinq ouvertures qui se passeraient de leur accord. "Il avait acté dès le début que c'était un point dur", décrypte son entourage. "Le texte est plus équilibré après ce passage en commission", se félicite un participant de l'opposition.

Sur la forme, la qualité des débats a été globalement saluée par les membres de la commission. Seule l'écologiste Cécile Duflot est venue troubler le ton policé des échanges en épinglant à deux reprises le ministre, notamment sur le recours aux ordonnances. Emmanuel Macron l'a renvoyée dans ses cordes, lui reprochant d'"agiter les peurs" par "des excès et des approximations".

L'objectif : "trouver le compromis". Toutefois, le bouillonnement de l'Hémicycle diffère de l'atmosphère feutrée d'une commission parlementaire. Emmanuel Macron, qui compte assister à l'intégralité des débats, n'a pourtant pas prévu de changer de stratégie. "L'objectif, c'est de trouver le compromis, pas d'être dans l'autorité", dit-on à Bercy. Le contexte post-attentats, qui force la gauche à resserrer quelque peu les rangs derrière un exécutif à la popularité regonflée, pourrait y aider.

>> LIRE AUSSI - Ce que prévoit désormais la loi Macron