Le blues des chefs d'entreprises français

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avec Pierrick Fay
François Hollande, François Bayrou et Nicolas Sarkozy sont invités à un colloque du patronat.

En pleine campagne présidentielle et alors que son moral est loin d'être au beau fixe, le patronat invite mardi trois des principaux candidats à l'occasion d'un colloque consacré aux "défis de la compétitivité". L'Afep, qui fédère les plus grandes entreprises françaises, reçoit au Carrousel du Louvre François Hollande, François Bayrou et Nicolas Sarkozy, en partenariat avec le journal Le Monde.

Hollande : "C'est nous qui devons être un modèle"

Invité le premier à s'exprimer, le candidat PS a affirmé que la tentation d'imiter un modèle extérieur, en l'occurrence l'économie allemande, devrait être freinée.

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"Nous sommes toujours fascinés par les exemples étrangers. Dans les années soixante, ça a été le défi américain, ensuite le modèle anglo-saxon et voilà maintenant, après une période où nous avions quelque condescendance à l'égard de nos voisins allemands, nous découvrons le modèle allemand", a déclaré le socialiste.

"Nous ne pouvons pas mobiliser un pays sur une imitation, et pas un pays comme la France. C'est nous qui devons définir nos atouts. Nos handicaps, nous les connaissons, nos leviers, nous pouvons les créer. C'est nous qui devons être un modèle et une référence pour nous mobiliser", a-t-il poursuivi devant un parterre de chefs d'entreprise.

"Nous sommes des boucs-émissaires"

Mais les récentes mesures fiscales annoncées par François Hollande et Nicolas Sarkozy ne font pas le bonheur des patrons. Interrogé par Europe 1, Henri Lackmann, le président du conseil de surveillance de Schneider Electric, exprime le malaise ressenti depuis quelques semaines par les chefs d'entreprises français. "Le France n'aime pas malheureusement ceux qui réussissent, en-dehors des vedettes de cinéma et des sportifs. Je constate seulement qu'on a besoin de boucs-émissaires, que l'on brocarde la CAC 40 alors que le CAC 40 représente un des rares succès de l'entreprise France", a-t-il déclaré.

"Vous chassez les gens"

Dans une tribune publiée il y a quelques mois, certains patrons avaient demandé eux-mêmes à payer plus d'impôts, sans toutefois imaginer la taxation de 75% des revenus à partir du million d'euros, annoncée par François Hollande.

Pour Stanislas de Bensman, le fondateur d'une grosse société informatique, cette mesure est contre-productive.  "Moi, j'appelle ça personnellement du vol. Vous volez l'argent que ces gens-là ont gagné. Quand vous dites 'je vais vous taxer à 75%', vous chassez les gens qui gagnent plus d'un ou deux millions d'euros. Vous leur demandez de quitter le pays. C'est ça que vous demandez en fait", a-t-il affirmé sur Europe 1.

"La petite musique de la taxation du capital"

Quant à l'annonce faite par Nicolas Sarkozy de la création d'un impôt sur les bénéfices, elle n'est pas non plus bien accueillie par le patronat. Dans une interview accordée mardi aux Echos, la présidente du Medef a dénoncé tour à tour la taxation proposée par François Hollande et "la petite musique qu'on entend à gauche et à droite sur la nécessité de taxer les revenus du capital comme les revenus du travail". Les candidats sont prévenus.