Le Pen surfe sur la perte du triple A

Pour Marine Le Pen, les partis politiques ont contribué à "l’esclavage pour dette" des Français.
Pour Marine Le Pen, les partis politiques ont contribué à "l’esclavage pour dette" des Français. © Max PPP
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avec Aurélie Herbemont , modifié à
Après la perte du triple A, Marine Le Pen a choisi de rejouer la carte anti-système.

Tout le monde en prend pour son grade : la gauche, la droite et même le centre. Lors d’un meeting dimanche soir au Grand-Quevilly près de Rouen, Marine Le Pen, la candidate du Front national, a fustigé l’ensemble des partis politiques coupables, selon elle, de "soutenir le mondialisme ultralibéral" et a promis à Nicolas Sarkozy un "retour de boomerang" pour "ses mensonges".

Elle accuse les gouvernements successifs d’avoir emprunté de l’argent sur les marchés financiers depuis 1974 et ainsi d’avoir contribué à "l’esclavage pour dette" des Français.

"L’escalier qui mène à l’enfer économique"

Portée par une série de bons sondages (17% à 21,5%) qui la remettent plus que jamais dans le jeu pour l'accession au second tour, la présidente du Front national a concentré ses attaques sur le chef de l'Etat, affaibli par la perte du triple A.

"Je me souviens de la promesse de Nicolas Sarkozy. Je n’ai pas été élu pour que la France soit dans la même situation que l’Espagne, l’Italie et la Grèce. La perte du triple A prouve exactement l’inverse. Nicolas Sarkozy n’a pas tenu le rôle qui aurait dû être le sien : celui du président qui protège les Français. Il a engagé la France dans l’escalier qui mène à l’enfer économique", a-t-elle déclaré devant un millier de sympathisants venus la soutenir.

La sortie de l’euro

Marine Le Pen a voulu se présenter comme la seule candidate de rupture, à travers la sortie de l'euro et le protectionnisme national. Mais, consciente de devoir encore convaincre sur son thème fétiche du retour au franc, elle s'est voulue pédagogique et rassurante pour expliquer que cela permettra à la banque de France de refinancer la dette et sortir le pays de la crise.

Triple A ou pas, Marine Le Pen avait en tout cas décidé d'évoquer sa vision de la nation dimanche et elle s'y est longuement tenue, en donnant une dimension culturelle et non plus seulement économique à sa diatribe anti-mondialiste. "Le mondialisme n'est pas seulement un système économique sauvage et dépassé" mais aussi une "idéologie" visant à "encourager le nomadisme", à rendre les hommes "interchangeables", "anonymes", et à "affaiblir les cultures", a affirmé la présidente du parti d'extrême droite.

"Et quid du nouvel an chinois, du nouvel an iranien"

Puis, elle s'est de nouveau érigée en championne de la laïcité, tout en défendant "les racines chrétiennes de la France" et en évoquant principalement l'islam (mosquées, prières de rue, horaires séparés dans les piscines...). "La laïcité sera d'application plus aisée quand nous aurons stoppé l'immigration", a aussi dit la patronne du FN.

Sur ce thème, elle a lancé sa dernière flèche contre Eva Joly, qu'elle taxe souvent de "francophobie", et son "idée saugrenue" d'instaurer deux jours fériés juif et musulman. "Pourquoi rien pour les Arméniens", "les orthodoxes", "les bouddhistes" ou "hindouistes"? "Et quid du nouvel an chinois, du nouvel an iranien" ou "kurde" et "faudra-t-il prévoir un jour pour les Mormons ?", a-t-elle demandé.