Au lendemain de la proclamation de l'état d'urgence par le président Muscharraf, le Pakistan retient son souffle. Ce dimanche, la police avait procédé à une vague d'arrestations. Imran Khan, ex-star du cricket devenu un des plus farouches opposants à Musharraf, a été assigné à résidence de même que plusieurs figures de l'opposition et des avocats proches du juge Iftikhar Mohammed Chaudhry, l'ex-président de la Cour suprême évincé en hâte samedi soir.
Les médias pakistanais ont unanimement condamné la mesure et le quotidien anglophone Dawn titrait sur "le second putsch de Musharraf" après le coup d'Etat d'octobre 1999 à la faveur duquel le général-président s'était emparé du pouvoir. Malgré le coup de tonnerre provoqué par cette mesure d'exception, le pays était calme dimanche. Des policiers et des unités paramilitaires étaient déployés autour du Parlement, du palais présidentiel et de la Cour suprême à Islamabad. Les magasins étaient ouverts, mais déserts et la circulation automobile réduite au minimum.
Pervez Musharraf, à la tête d'une puissance nucléaire de 160 millions de musulmans, s'est posé en garant de l'intégrité nationale en proclamant l'état d'urgence. "L'inaction à ce stade est un suicide pour le Pakistan et je ne peux laisser ce pays se suicider", a-t-il déclaré samedi soir lors d'une adresse télévisée à la nation. Il a également demandé à ses "amis" occidentaux de comprendre sa décision accueillie avec préoccupation à travers le monde.