Le Pakistan prêt à exhumer le corps de Bhutto

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Une grande manifestation s'est déroulée samedi à Lahore, la grande ville du nord-est du Pakistan. Très encadrées par la police, quelque 10.000 personnes ont marché au cri de "Go Musharraf, go" (pars Musharraf, pars !). Plus tôt dans la matinée, le chef présumé d'Al-Qaïda au Pakistan, a démenti être à l'origine du meurtre de Benazir Bhutto contrairement aux allégations du gouvernement. Le gouvernement pakistanais s'est dit prêt à exhumer le corps de l'opposante pour déterminer avec exactitude les causes de sa mort.

Qui a tué Benazir Bhutto? Alors que le pays est en proie à des émeutes sporadiques depuis l'assassinat jeudi du leader de l'opposition Benazir Bhutto à deux semaines des législatives, Al-Qaïda vient attiser les braises. Son chef présumé au Pakistan, Baïtullah Mehsud, affirme n'être pour rien dans cet attentat. "Je le démens fermement. Les tribus ont leurs propres règles. Nous ne nous en prenons pas aux femmes", a déclaré par téléphone son porte-parole. Pire encore.

Mehsud accuse directement Musharraf. "C'est un complot du gouvernement, de l'armée et des services de renseignements" assure-t-il. "Nous exprimons notre profonde douleur et le choc que nous a provoqué sa mort" a-t-il même ajouté. Vendredi, le gouvernement a affirmé détenir la preuve de la culpabilité d'Al-Qaïda. Un message intercepté de Mehsud félicitant ses hommes pour avoir perpétré l'attentat.

Des éléments qui viennent s'ajouter à la polémique lancée sur les causes de la mort de l'opposante. Le gouvernement affirme qu'elle n'a pas été touchée par balles et que l'autopsie a révélé qu'un choc à la tête avait provoqué le décès. Faux, hurle le parti de Benazir Bhutto. Sa porte-parole dit avoir lavé son corps avant l'enterrement et soutient : "j'ai vu qu'elle avait une blessure par balle à l'arrière de la tête et une autre, causée par la sortie de la balle, de l'autre côté de la tête". Le Parti du peuple pakistanais demande à Musharraf de présenter des preuves solides.

Le gouvernement du Pakistan s'est dit samedi prêt à exhumer le corps de l'opposante Benazir Bhutto, si son parti le souhaite, pour déterminer les causes exactes de la mort, mais a reconnu qu'elle était de toute manière la conséquence de l'attentat.

Les élections législatives prévues le 8 janvier prochain pourraient être maintenues, selon le Premier ministre pakistanais par intérim. Toutefois samedi matin, la commission électorale a jugé que le processus était "défavorablement affecté" par la situation actuelle. Le parti de Benazir Bhutto a réservé sa décision quant à sa participation pour dimanche. Leur maintien conduirait à la "destruction du pays" a répliqué de son côté l'ex-Premier ministre et principal opposant Nawaz Sharif qui a annoncé dès jeudi que son parti les boycotterait. Il a aussi exhorté le président Musharraf à démissionner sur-le-champ pour "sauver le Pakistan".

L'ex-Premier ministre pakistanaise Benazir Bhutto est morte, jeudi dans un hôpital de Rawalpindi, des suites de ses blessures après un attentat-suicide qui a visé un de ses meetings dans la banlieue d'Islamabad. Une vingtaine de personnes ont été tuées dans l'attaque et 56 blessées selon un dernier bilan.

Benazir Bhutto avait 54 ans. Après avoir passé huit années en exil à Londres, elle était revenue au Pakistan il y a seulement deux mois pour préparer les élections législatives de 2008. Ce drame est le dernier en date d'une série record d'attentats suicide dans l'histoire du Pakistan, qui ont fait plus de 780 morts en 2007. Le plus meurtrier avait déjà visé une manifestation du parti de Mme Bhutto : le 18 octobre, deux kamikazes avaient tué 139 personnes dans un gigantesque défilé de sympathisants qui célébraient, à Karachi, le retour de l'ex-Premier ministre.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a exprimé sa "très grande émotion" et condamné fermement cet "acte odieux". La Russie avait, la première, condamné fermement cet assassinat. Les Etats-Unis ont également réagi très rapidement pour condamner la violence. Le Vatican parle d'attentat "tragique et terrible", l'Inde dénonce un "acte abominable". Bruxelles condamne une "attaque contre la démocratie". De son côté, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, s'est déclaré "profondemment choqué" et a appelé "à la retenue mais aussi à l'unité".