Le Liban s'enfonce dans la crise

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le Liban, qui s'est réveillé samedi sans chef de l'Etat, fait face désormais à un vide présidentiel qui fait redouter une aggravation des tensions provoquées par le bras-de-fer persistant entre un gouvernement soutenu par l'Occident et l'opposition proche de Damas et Téhéran.

"Une République sans président", titrait le quotidien proche de l'opposition, Al-Balad, après le départ à minuit du prosyrien Emile Lahoud, au terme de son mandat, sans que le parlement ne soit parvenu à lui trouver un successeur. Le journal a choisi de mettre à sa une un encart blanc "en guise de photo du nouveau chef de l'Etat".

Faute de consensus entre majorité et opposition, la séance du Parlement, qui élit le président, a été reportée vendredi -pour la cinquième fois en deux mois- au 30 novembre. La vacance au sommet de l'Etat suscite l'inquiétude des Libanais et de la communauté internationale sur l'avenir du pays et relance les craintes sur une possible dégradation de la sécurité.

Plusieurs journaux estiment que le Liban est entré dans une période de "vide organisé" et redoutent que cette étape ne se prolonge indéfiniment. "Il y a désormais un statu quo, les deux camps ayant peur l'un de l'autre", déclare un diplomate arabe à Beyrouth. "Il y a des craintes que la situation ne dégénère en un conflit entre sunnites et chiites ou entre chrétiens, c'est pour cela que tout le monde va faire preuve de retenue".

La majorité des sunnites soutient la coalition antisyrienne au pouvoir, tandis que les chiites appuient pour la plupart l'opposition, menée par le puissant Hezbollah, allié de Damas. Les chrétiens, et notamment la communauté maronite dont est traditionnellement issu le président de la République, sont divisés entre les deux blocs.

En quittant le palais présidentiel, Emile Lahoud, un des présidents les plus controversés de l'histoire du Liban, a confié à l'armée la sécurité du pays. Cette initiative a immédiatement été rejetée par le gouvernement qui, conformément à la Constitution, est investi dès samedi de tous les pouvoirs exécutifs du fait du vide présidentiel.