La confusion règne au PS

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les réactions n'ont pas tardé à fuser au Parti socialiste après l'appel de Ségolène Royal à François Bayrou en vue d'alliances pour le second tour des élections législatives. Laurent Fabius s'oppose aux "combinaisons d'appareils" entre le Parti socialiste et le MoDem. De son côté, Dominique Strauss-Kahn a estimé qu'il fallait "cesser les mascarades". Le Bureau national du Parti socialiste a rejeté mardi soir la nouvelle ouverture au centre tentée par la candidate malheureuse à l'élection présidentielle.

Lundi, Ségolène Royal proposait une alliance avec François Bayrou. Mardi, à l'unanimité, le Bureau national du PS a refusé la stratégie d'alliance avec le MoDem. Sans oublier de rappeler la position officielle qui consiste à se maintenir partout où le candidat socialiste est qualifié pour dimanche prochain et à recommander aux électeurs de favoriser le pluralisme dans les autres cas. De son côté, le fondateur du MoDem a annoncé qu'il ne donnerait aucune consigne de vote. François Hollande dit ne pas être étonné de la décision de François Bayrou, rappelant sa compagne à l'ordre indirectement. Forte de ses 17 millions de voix au soir du 6 mai, Ségolène Royal "garde une forme de légitimité mais en ce qui concerne la ligne du parti, c'est le premier secrétaire", a prévenu de son côté Pierre Mauroy à son arrivée au Bureau national. Devant ses pairs, l'ancien Premier ministre a persisté. "Les questions de stratégie sont débattues dans les instances du PS", a-t-il martelé. "Et pas sur les plateaux de télévision ou sur la scène publique pour faire entendre un son de cloche personnel", complète un responsable socialiste au sortir de la réunion, prédisant une "grande explication" avec l'ex-candidate présidentielle au lendemain des législatives. Aux yeux de ce "quadra", la main tendue au MoDem par Ségolène Royal est un "coup de billard à quinze bandes pour plus tard", la présidente de Poitou-Charentes ne faisant pas mystère de ses ambitions à la tête du PS. "Je savais qu'il n'y avait pas de négociation à ouvrir avec le parti de M. Bayrou (...) parce que M. Bayrou lui-même est dans une stratégie (...) qui est de ne pas faire d'alliance ni avec l'UMP ni avec le Parti socialiste", a expliqué François Hollande. Revendiquant le statut de "sage actif" au sein du PS, Laurent Fabius a recommandé mardi matin à ses camarades lors du point de presse quotidien sur les législatives de faire preuve de "combativité et d'unité" pour résister face au "raz-de-marée" de l'UMP. Tout en déclarant ne pas vouloir "alimenter" le débat relancé par Ségolène Royal. A cette tentative d'une ouverture en direction du centre, Laurent Fabius s'y est fermement opposé. "On ne peut pas faire les choses comme ça au coup par coup. Il faut avoir des règles et nous nous sommes adressés de façon suffisamment claire aux électeurs pour qu'ils puissent trancher", a-t-il estimé. De plus, "il n'y a pas lieu d'avoir de combinaisons sur ce point entre les responsables, entre les appareils" a souligné Laurent Fabius. Dominique Strauss-Kahn n'a pour sa part pas manqué de critiquer l'attitude l'ex-candidate du PS à l'élection présidentielle. A une question sur le coup de téléphone de Ségolène Royal au président du MoDem, François Bayrou, l'ancien ministre socialiste a répondu: "Elle engageait elle-même, mais il faut cesser les mascarades". "Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, le Parti socialiste tire à hue et à dia, et donc personne n'engage véritablement le Parti socialiste plus qu'un autre". DSK a enfoncé le clou en soulignant qu'au PS, "les décisions ne sont malheureusement plus collectives, c'est pour cela qu'il faut refonder le Parti socialiste, recréer l'unité". Bien que quasi-unanime, cette levée de boucliers internes a inspiré un commentaire en forme de pirouette à la présidente de Poitou-Charentes, en campagne mardi dans sa région pour soutenir des candidats aux législatives. "Ce serait bien que, de temps en temps, la politique soit simple comme un coup de fil", a-t-elle plaisanté, défendant de nouveau son cavalier seul. "Moi, je souhaite vraiment que la vie politique se modernise, devienne plus simple et qu'on puisse téléphoner à des personnalités politiques avec lesquelles on essayera demain peut-être de construire des convergences nouvelles", a expliqué Ségolène Royal.