La Cnil mitigée sur un plan de vidéosurveillance en France

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La Cnil s'est montrée lundi mitigée sur un possible programme de caméras de surveillance déployé en France, sur le modèle britannique, mais a refusé pour le moment de trancher sur ce dispositif.

Après les attentats manqués en Grande-Bretagne, Nicolas Sarkozy a fait savoir qu'il voulait multiplier le nombre de caméras de surveillance en France, notamment pour lutter contre le terrorisme. Il se trouve justement qu'aujourd'hui la Cnil, commission nationale de l'Informatique et des Libertés, publie son rapport annuel. Un rapport dans lequel elle lance une alerte à la société de surveillance qui menace la protection des données et des libertés. "La Cnil n'a jamais d'opposition de principe dans ces matières-là. Elle demande à ce qu'on lui donne le dossier. Elle l'examine dans le détail et se prononce", a déclaré lundi le président de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, Alex Türk. Insistant sur le fait que "dire pour ou contre (...) n'avait pas beaucoup de sens", il a jugé surtout nécessaire d'accompagner un tel dispositif de moyens de contrôle. "On a bien l'intention de se préoccuper de cette question", a-t-il dit. "L'augmentation du nombre de caméras vidéosurveillance fera l'objet d'une réflexion de notre part. Mais cela nécessitera que ce soit encadrée", a précisé Alex Türk. "Il faut que les citoyens soient parfaitement conscients que s'ils acceptent d'une certaine manière une réduction de leur liberté au profit de la sécurité collective (...) il y a un organisme indépendant de contrôle pour vérifier que la loi est parfaitement appliquée, que le droit des personnes est respecté et que toutes les dérives possibles sont contrôlées par un organisme". Le président de la Cnil a émis quelques craintes comme "la possibilité de tracer les personnes". "Cela s'ajoutent à la biométrie, à la géolocalisation (...). On voit bien que l'on entre dans une société où s'additionnent toute une série de moyens qui permettent de repérer, de situer, de localiser des personnes", a-t-il dit. "Inévitablement notre sphère de vie privée qui touche à notre intimité, notre identité est forcément, à chaque fois, un peu réduite au profit d'un niveau de sécurité collective qu'on estime meilleure", a mis en garde Alex Türk. Il estime à environ 400.000 le nombre de caméras de surveillance en France. "L'essentiel des caméras de surveillance sont dans le domaine public. C'est le préfet qui est compétent. Nous sommes compétents pour l'installation dans l'espace privé", a-t-il dit. En 2006, la Cnil a enregistré 880 déclarations de mise en place de système de vidéosurveillance contre 300 en 2005 et les demandes d'autorisation de dispositifs biométriques ont été multipliées par dix en an.