Cinq attentats ont fait un mort et un blessé, vraisemblablement les poseurs de bombe, jeudi, à la veille de la visite du ministre de l'Intérieur en Corse. De leur côté, les élus radicaux de gauche (PRG), dont le député-maire de Bastia Emile Zuccarelli, ont souhaité ne pas rencontrer Nicolas Sarkozy en raison du caractère, selon eux, électoraliste, de sa visite. Le climat est donc tendu en Corse. Le ministre de l'Intérieur a entamé sa journée par une discussion à bâtons rompus avec badauds et vendeurs sur le marché d'Ajaccio. Entouré d'une nuée de journalistes et de caméras, il a dégusté des produits locaux et échangé avec les commerçants les propos classiques d'un candidat en campagne. "La légitimation de la violence est scandaleuse, ses premières victimes en étant les Corses", a déclaré le probable candidat de l'UMP à la présidentielle, ajoutant "qu'il fallait donner du travail à la jeunesse". Jugeant le mouvement nationaliste "très affaibli", il a également annoncé, sans précisions, que des arrestations interviendraient "dans les semaines à venir". Quatre agences bancaires ainsi que la Trésorerie principale d'Ajaccio ont été plastiquées dans la nuit de mercredi à jeudi. Cette nuit d'attentats a également été marquée par la mort d'Ange-Marie Tiberi, dirigeant du mouvement nationaliste Corsica Nazione, qui s'apprêtait à déposer une bombe, cette fois sur la côte orientale de l'île, devant une villa située à la "marine de Sollaro", près de Solenzara (Corse-du-Sud). Une autre personne se trouvant près de lui, Alain Ruggieri, a été grièvement blessée. C'est elle qui a donné l'alerte en parcourant à pied plusieurs centaines de mètres pour frapper à la porte d'une villa occupée. En fin de matinée, Nicolas Sarkozy a présidé à huis clos au palais des congrès une conférence de travail avec les élus régionaux et les acteurs socioprofessionnels. Le ministre de l'Aménagement du territoire a répété qu'il souhaitait "le développement de la Corse dans le respect de son identité" tout en restant ouvert "à tous ceux qui veulent démocratiquement un autre avenir pour l'île". Le ministre de l'Intérieur a toutefois ajouté qu'il continuerait "de combattre sans relâche une violence aussi inutile que dévastatrice". Il a par ailleurs annoncé une aide de 1,02 milliard d'euros dans le cadre du programme exceptionnel d'investissement (PEI) sur sept ans pour l'île de Beauté.