Aujourd'hui la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou s'est remplie pour l'office mortuaire, d'une durée de deux heures, consacré à Mtislav Rostropovicth, décédé vendredi à l'âge de 80 ans. Il a été ensuite inhumé au cimetière Novodevitchié, où Eltsine a lui-même été mis en terre la semaine dernière avec les honneurs. Le corps de Rostropovitch avait été porté en la cathédrale samedi soir après avoir vu défiler des milliers de personnes venues lui rendre hommage au Conservatoire de Moscou. Son cercueil était exposé sous le regard de ses maîtres, Mozart, Bach, et Tchaïkovski, dont les portraits ornent les murs du grand hall. Lors de la cérémonie des obsèques, on pouvait apercevoir aux côtés de la veuve du musicien, la soprano Galina Vichnievskaïala, la veuve d'Eltsine, Naïna, et d'autres dignitaires dont la reine Sofia d'Espagne et Bernadette Chirac, épouse du président français.Le décès du violoncelliste, célèbre pour ses prises de position en faveur des libertés individuelles sous l'URSS, qui l'avait déchu de sa citoyenneté soviétique, a été annoncé quatre jours après celui d'Eltsine. Rostropovitch restera dans l'histoire pour avoir improvisé un concert devant le mur de Berlin qui s'effondrait en novembre 1989. Considéré comme le plus grand violoncelliste de la seconde moitié du XXe siècle, il était également connu pour avoir défié en homme libre le pouvoir soviétique. Virtuose qui a marqué la musique internationale par ses interprétations d'oeuvres contemporaines et du répertoire, il avait été disgracié pour avoir défendu la cause de l'écrivain dissident Alexandre Soljenitsyne. Le Kremlin l'avait déchu de sa citoyenneté en 1978 pour "activités antipatriotiques", selon les journaux d'Etat de l'époque. Avec son épouse, la soprano Galina Vichnevskaïa, il a toujours refusé d'accepter cette décision et sa disparition concomitante des archives culturelles soviétiques. Il avait aussi défendu le dissident Andreï Sakharov, au risque de se mettre en délicatesse avec le Kremlin. Un an avant l'effondrement de l'Union soviétique, en 1990, Rostropovitch avait recouvré sa citoyenneté, sous la perestroïka. Depuis lors, il partageait son temps entre la Russie, les Etats-Unis et la France. Son épouse dirigeait avec lui une fondation à but caritatif.