L'InVS met en doute le lien entre pesticides et santé aux Antilles

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'Institut de veille sanitaire a pris mardi à rebrousse-poil le rapport alarmant du professeur Belpomme dévoilé lundi sur le "désastre sanitaire" dont seraient responsables les pesticides dans les Antilles. Selon l'InVS, le lien entre l'usage de ces pesticides et la santé des habitants n'est pas "démontré". L'Institut va tout de même renforcer sa surveillance.

"A ce jour, aucun lien n'a été démontré" entre les pesticides et la santé des Antillais : mardi, l'Institut de veille sanitaire a pondéré le rapport alarmant dévoilé lundi par le professeur Belpomme. Dans cette étude présentée à l'Assemblée, ce cancérologue pointait du doigt le risque que représenterait l'usage de pesticides dans l'agriculture à la Guadeloupe et à la Martinique. Le professeur Belpomme parlait alors sans détour de "désastre sanitaire" et de "bombe à retardement". L'InVS, plus prudent, annonce simplement qu'il va poursuivre et renforcer sa surveillance.

Car l'Institut a déjà produit un rapport sur le sujet en 2004, complété en 2005 et 2006. Selon ces analyses, 3,3% de la population martiniquaise, soit environ 12.000 personnes, seraient "du fait de leurs habitudes alimentaires, au delà de la dose journalière admissible permettant de garantir l'absence d'effets sanitaires".

Selon l'InVS, il y a d'autres facteurs que l'environnement pour expliquer certaines anomalies sanitaires comme la multiplication de cancers de la prostate ou une baisse de la fécondité. L'InVS met notamment en avant l'origine ethnique de la population ou des conditions socio-économiques. Pour l'Institut, les études sur les pesticides menées notamment aux Etats-Unis s'appliquaient à des contaminations beaucoup plus fortes que les expositions probables aux Antilles. Et ne peuvent donc être utilisés à titre de comparaison.

Entre les deux sources scientifiques, l'InVS et le rapport du professeur Belpomme, il y a notamment une différence de méthode. Pour le cancérologue, les études épidémiologiques actuelles ne sont pas adaptées car elles ne permettent pas de repérer des intoxications chroniques et répétées. Une nouvelle enquête officielle devrait être publiée en 2008.