L'Etat français mis en accusation dans l'affaire Borrel

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le journal Le Monde daté de dimanche publie des documents saisis par la justice montrant que la France voulait transmettre à Djibouti le dossier sur l'enquête concernant la mort de Bernard Borrel en 1995.

Dans son édition du week-end, Le Monde publie des documents saisis par la justice montrant que la France voulait transmettre à Djibouti le dossier sur l'enquête concernant la mort de Bernard Borrel en 1995.Dans un communiqué aujourd'hui, Laurent Le Mesle, ancien conseiller de Jacques Chirac à l'Elysée, nie les accusations de manoeuvres.En octobre 1995, le corps carbonisé de Bernard Borrel, coopérant français et conseiller technique auprès du ministère de la Justice djiboutien avait été retrouvé près de la ville de Djibouti. Depuis les expertises médico-légales la piste criminelle est privilégiée. Certains éléments de l'enquête laissent penser qu'il s'agirait d'un assassinat politique sur ordre du pouvoir djiboutien. Lors des perquisitions effectuées en avril dans les ministères de la Justice et des Affaires étrangères, deux documents importants ont été trouvés. Ils montrent que Laurent Le Mesle, alors directeur du cabinet du ministre de la Justice Pascal Clément aurait tenté de favoriser la transmission totale du dossier criminel à Djibouti, selon le souhait des autorités de ce pays. "Je vous remercie de veiller à ce qu'il soit apporté une réponse favorable à la demande formulée par les autorités djiboutiennes", écrit Laurent Le Mesle dans une note à ses services datée du 30 juillet 2004. Plus tard, le 28 septembre 2004, Laurent Le Mesle écrit à son homologue du Quai d'Orsay Pierre Vimont pour conseiller à Djibouti d'insister. "La demande sera alors satisfaite, en tenant compte du délai qu'imposera la copie des 35 tomes de la procédure judiciaire." La juge d'instruction Sophie Clément, chargée de l'enquête à Paris sur la mort de Bernard Borrel, a finalement refusé en février 2005 dans une ordonnance la transmission de ce dossier à Djibouti.Paris semble alors avoir suggéré à Djibouti d'insister encore en déposant une plainte devant la Cour internationale de justice (CIJ). Dans un télégramme diplomatique daté du 25 juin 2005, l'ambassadeur à Djibouti, Philippe Selz, rend compte de son entretien avec le ministre djiboutien des Affaires étrangères."Il m'a dit qu'il réfléchissait à notre idée de recours à la CIJ", écrit-il. Djibouti déposera effectivement plainte en janvier 2006.Cet épisode de l'affaire fait l'objet d'une instruction pour "pressions sur la justice". Deux juges d'instruction ont tenté en vain dans ce cadre, le 2 mai, de perquisitionner au palais de l'Elysée.Dans l'affaire principale, en octobre 2006, des mandats d'arrêt ont été délivrés par la juge Clément contre deux repris de justice en fuite, soupçonnés d'être des exécutants du meurtre de Bernard Borrel. Elle a aussi convoqué en vain comme témoin le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, de passage à Cannes pour un sommet franco-africain. Ce dernier dément toute implication dans cette affaire.