L’Église regrette le ton de la campagne

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L'archevêque de Paris a déploré que le débat démocratique instrumentalise les religions.

A 14 jours du premier tour de la campagne électorale, Monseigneur André Vingt-Trois a appelé les citoyens à exercer leur devoir civique sans toutefois donner une consigne de vote. Invité dimanche du Grand rendez-vous Europe1/i>Télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France, le président de la Conférence des évêques de France (CEF) est revenu sur des thèmes forts de cette campagne présidentielle.

"Le FN joue un rôle de faire-valoir"

Le cardinal-archevêque de Paris a déploré une instrumentalisation des religions dans le débat démocratique. Une critique qui concerne notamment les prises de position de Marine Le Pen, candidate du FN à la présidentielle. Selon Monseigneur André Vingt-Trois, le Front national prend un rôle beaucoup trop important dans le débat démocratique.

Écoutez la position de Monseigneur André Vingt-Trois sur le FN :

"Le FN joue un rôle de faire valoir dans les relations politiques. On accuse les positions du FN pour mieux dorer les positions des autres. Mais en accusant les positions du Front national, on les transmet, on les met en valeur, on leur fait une place disproportionnée", constate-t-il. Ce dernier s'inquiète notamment de la place accordée au parti d'extrême-droite dans les médias. "Il ne se passe pas une journée sans que l'on fasse référence à une phrase de Marine Le Pen", remarque-t-il désabusé.

"Les candidats en lice hésitent à dévoiler ce qu'ils savent"

Monseigneur André Vingt-Trois estime que les polémiques lancées par le FN, comme celle sur le halal, cachent les questions de fond. "On ferait mieux de parler du logement, de l'accueil des étrangers, de la répartition des charges, de la répartition des bénéfices", précise le cardinal.

Ce dernier déplore que les politiques préfèrent "cacher" la vérité sur les conséquences de la crise aux Français. "Je crois que les candidats en lice hésitent à dévoiler ce qu'ils savent avec trop de franchise de peur d'effrayer l'électeur", analyse l'archevêque. Ce dernier prévient : "il faut se préparer à des temps plus durs".

"2012 est une heure de vérité"

Selon lui, la crise donne un aspect d'autant plus crucial à l'élection présidentielle. "2012 est une heure de vérité pour la France", estime-t-il. "Cette heure de vérité prend un caractère plus aigu actuellement en raison de la crise qu'elle traverse et des bouleversements déjà accomplis ou à venir que les gouvernants ont à gérer", poursuit le religieux.

Dans un ouvrage intitulé Quelle société voulons-nous ? Monseigneur André Vingt-Trois présente les "points sensibles" qu'il souhaiterait voir aborder par les candidats à la présidentielle. Toutefois le président de la Conférence des évêques de France précise qu'il n'a pas à "juger le programme des uns et des autres candidats".