Kouchner "marginalisé" par Guéant

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Jean-Christophe Rufin, ancien ambassadeur au Sénégal, dénonce l’influence de Claude Guéant.

"Le Quai d'Orsay a été complètement marginalisé sur les questions africaines, complètement!", a regretté dimanche Jean-Christophe Rufin, qui vient de quitter son poste d’ambassadeur de France au Sénégal. Le ministre des Affaires étrangères "Bernard Kouchner est obligé d'avaliser beaucoup de décisions qu'il ne prend pas, parfois c'est à contrecœur, parfois c'est très difficile".

Le président Nicolas Sarkozy, "pas très impliqué sur les questions africaines", avait "laissé une certaine marge de manœuvre à ses collaborateurs", selon le diplomate. "Mais ce n'est pas le Quai d'Orsay qui a pris la direction des opérations, pas du tout, c'est le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, qui est très influent sur les questions africaines", a-t-il assuré sur la radio sénégalaise RFM. "Ce n'est pas forcément un connaisseur de l'Afrique, il traite ces dossiers comme il en traite beaucoup d'autres, à la (manière) préfectorale. Mais bon, le Zambèze et la Corrèze, ce n'est pas tout à fait la même chose."

Les pressions de Wade

Jean-Christophe Rufin a quitté le 30 juin son poste d'ambassadeur au Sénégal où il avait vécu, durant trois ans, des périodes de tension avec le président Abdoulaye Wade, au pouvoir depuis dix ans. "Des démarches ont été faites pour ‘demander ma tête’, comme on dit, mais j'ai toujours eu le soutien du président Nicolas Sarkozy (...)", a-t-il affirmé.

La "Françafrique dans l’autre sens"

Jean-Christophe Rufin a dénoncé une nouvelle forme de "Françafrique". Il a jugé qu'"autrefois, sous (Jacques) Foccart (secrétaire général de l'Élysée aux affaires africaines de 1960 à 1974, ndlr), c'étaient des réseaux qui partaient de France et allaient vers l'Afrique" et "la politique française était imposée à l'Afrique par ces réseaux". Aujourd'hui, ce sont plutôt "des réseaux dans l'autre sens", "qui viennent d'Afrique", a-t-il affirmé dimanche. Des "lobbyistes rétribués ou sous contrat ou en amitié avec des chefs d'Etat africains essaient d'influencer la politique française (...) Je pense qu'ils ont trop de place", a-t-il ajouté.