Justice : le budget 2008 est adopté, les critiques restent

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le budget de la justice 2008, dont le rejet était un des moyens de pression contre la réforme de la carte judiciaire brandi par certains députés UMP, a finalement été adopté jeudi après-midi à l'Assemblée nationale. Rachida Dati est montée au perchoir pour défendre un texte critiqué par les professionnels de justice, l'opposition et une partie des élus de la majorité. Elle a aussi promis une rallonge budgétaire de dernière minute qui a pu faire pencher la balance.

"Chacun comprend que l'on ne peut pas continuer à disperser nos moyens au sein de 1.200 institutions sur 800 sites" : jeudi, la ministre de la Justice est montée au perchoir pour défendre son budget pour 2008. "Ce n'est pas la proximité physique du tribunal qui importe. La proximité, c'est la satisfaction rapide du besoin de justice", a expliqué Rachida Dati. Une manière de défendre au passage sa réforme de la carte judiciaire, qui cristallise l'essentiel des critiques. Certains députés UMP avaient même menacé de bloquer le vote du budget 2008 du ministère de la justice pour marquer leur colère. Au final, seuls trois députés UMP (Yannick Favennec, Jean-François Chossy et Françoise Hostalier) et un Nouveau Centre (Stéphane Demilly) ont mis leurs menaces à exécution.

Le projet de budget a été adopté par 136 voix contre 81. Les groupes UMP et Nouveau Centre ont voté pour, le PS et le PCF contre. Ce texte prévoit une augmentation de 4,5% des crédits attribués à la Justice, soit 6,5 milliards d'euros. Un amendement de dernière minute a permis d'ajouter 3 millions d'euros supplémentaires pour développer l'accès au droit, à travers notamment les maisons de justice et du droit. Une rallonge qui a peut-être convaincu les députés UMP pourtant remontés contre la réforme de la carte judiciaire qui menace directement certains tribunaux situés dans leur circonscription. "Tout le monde disait 'vous allez voir ce que vous allez voir au sein du groupe UMP' mais l'immense majorité du groupe soutenait le texte, soutenait le budget", s'est félicité Roger Karoutchi, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.

"Nous ne sommes plus en 1958. Avoir un tribunal près de chez soi ne garantit pas une justice de proximité", a expliqué Rachida Dati, soulignant que sa réforme "tient compte de la réalité du terrain". "Il y a deux moyens de faire la réforme de la carte. En parler et ne rien faire. Ou bien se rendre sur le terrain et agir", a plaidé la ministre qui a ajouté que cette "réorganisation de la carte judiciaire, à elle seule, ne règlera pas toutes les difficultés".

L'opposition a dénoncé de son côté une "réforme imposée, brutale, sans réflexion sur le fond" de la carte des juridictions françaises, selon les termes du député socialiste des Landes Alain Vidalies. Sur le terrain, les mouvements de protestation continuent de la part des professionnels de justice. A Abbeville jeudi, des avocats ont empêché l'accès au palais de justice de la ville avec des chaînes pour dénoncer la fermeture annoncée du tribunal de grande instance. A Charleville-Mézières, la police est intervenue pour déloger les avocats du barreau des Ardennes qui bloquaient le tribunal de la ville depuis lundi.