Justice : Yvan Colonna perd contre Nicolas Sarkozy

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Administrator User , modifié à
Yvan Colonna, accusé de l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, a perdu le procès intenté contre Nicolas Sarkozy pour une supposée "atteinte à la présomption d'innocence" dans des discours récents. La justice a estimé que les propos litigieux du ministre de l'Intérieur ne portaient pas atteinte à ses droits.

Il y a quinze jours, Yvan Colonna se présentait au tribunal de Paris dans le cadre d'un procès intenté à Nicolas Sarkozy pour "atteinte à la présomption d'innocence". L'assassin présumé du préfet de Corse Claude Erignac, en 1998, a été débouté mercredi. Le tribunal a estimé que les propos litigieux du ministre de l'Intérieur, même si ils "suscitaient une impression certaine de culpabilité" d'Yvan Colonna, ne le présentaient pas comme l'auteur du crime et ne portaient pas atteinte à ses droits. Le berger de Cargèse devra en conséquence payer les frais de justice de l'ancien ministre de l'Intérieur. Yvan Colonna avait insisté pour être présent au tribunal le 19 mars dernier. Lors de l'audience, il avait déclaré : "à mon sens, Nicolas Sarkozy a fait pression sur l'opinion publique et il exerce sur les juges des pressions intolérables, inacceptables". Il demandait 15.000 euros pour ses frais et souhaitait la publication du jugement. Arrêté en juillet 2003 après quatre ans de fuite et emprisonné depuis dans l'attente de son procès, il estimait que Nicolas Sarkozy l'avait présenté comme l'auteur avéré de l'assassinat du préfet Erignac... Le 5 janvier dernier, prié de dire lors d'une visite en Corse s'il pensait qu'Yvan Colonna était l'assassin, le ministre de l'Intérieur avait répondu aux journalistes : "il n'y a pas que moi qui le pense, sinon je ne pense pas qu'on l'aurait gardé en prison". Le 14 janvier, lors de son investiture par l'UMP pour la présidentielle, Nicolas Sarkozy avait vanté la "République réelle à laquelle il croit, celle qui met en prison l'assassin présumé du préfet Erignac". Le tribunal remarque dans ses attendus que dans le premier discours, Nicolas Sarkozy ne fait pas référence à la culpabilité d'Yvan Colonna mais au fait qu'il est en prison. La seconde fois, il parle d'assassin "présumé, c'est-à-dire hypothétique ou supposé, aucunement certain", souligne le tribunal.