Journée spéciale "Ingrid Betancourt" : le cauchemar a assez duré

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La Franco-colombienne Ingrid Betancourt est l'otage des FARC depuis presque six ans. Les dernières images obtenues d'elle le 30 novembre dernier ont rappelé au monde entier l'urgence que constitue sa libération. Lueur d'espoir, la guerilla marxiste aurait décidé de libérer trois de ses otages dont Clara Rojas, l'assistante d'Ingrid Betancourt. Europe 1, RFI et TV5 Monde se sont associés pour proposer une journée spéciale, le mercredi 19 décembre, baptisée "les Français soutiennent Ingrid Betancourt".

"La vie ici n'est pas la vie, c'est un gaspillage lugubre de temps. Je vis ou survis dans un hamac tendu entre deux piquets, recouvert d'une moustiquaire et avec une tente au-dessus, qui fait office de toit et me permet de penser que j'ai une maison". Au fil du temps, l'histoire d'Ingrid Betancourt semblait presque être devenue une affaire de chiffres, avec le décompte sordide de ses jours, de ses mois, de ses années de détention. Le 30 novembre dernier, c'est brusquement Ingrid Betancourt qui est réapparue. Une femme, une mère de famille mais surtout un être humain qui souffre d'être privé de sa liberté depuis si longtemps. Avec ces nouvelles images, la mobilisation en faveur de sa libération a connu un sursaut devant l'urgence qu'il y a désormais à sauver une vie.

Ingrid Betancourt, candidate à l'élection présidentielle de 2002 en Colombie pour le parti écologiste et anti-corruption "Oxygeno Verde", est l'otage des FARC (Fuerzas armadas revolucionarias de Colombia) depuis le 23 février 2002. Cette fille d'un ministre colombien a été capturée alors qu'elle menait campagne dans une région réputée pour sa dangerosité mais qu'elle avait décidé de visiter comme le reste du pays. Entre les mains de la guérilla la plus puissante d'Amérique latine, elle est devenue une otage "politique", monnaie d'échange dans un bras de fer entre force armée clandestine et gouvernement partisan d'une ligne dure.

Car les FARC, qui revendiquent une idéologie marxiste, sont classées parmi les organisations terroristes par les Etats-Unis et l'Union européenne. Le président colombien Alvaro Uribe, qui a été élu en 2002 sur un programme baptisé "mano dura", est opposé à toute négociation et partisan d'une opération militaire armée pour libérer les otages détenus dans la jungle. Une solution que redoutent les familles de ces "secuestrados" car le risque de dérapage et d'exécution sommaire est réel.

D'autant qu'Ingrid Betancourt n'est pas une otage comme les autres. Par sa nationalité française, obtenue après un premier mariage, son cas a suscité une mobilisation dépassant largement les frontières de la Colombie. Si les otages détenus en Colombie, par les Farc, mais aussi par les groupes paramilitaires ou toutes autres organisations criminelles, se comptent bien en milliers, les otages avec un statut "politique" comme Ingrid Betancourt sont 45. Payer une rançon ne permettra pas d'obtenir leur liberté, les Farc exigent contre eux un accord politique. "Acuerdo humanitario" : c'est le plan dessiné au fil des mois pour permettre leur libération. Il prévoit un échange entre ces séquestrés et certains membres de la guérilla des Farc détenus dans les prisons colombiennes.

Après le renvoi de la médiation opérée par le président vénézuélien Hugo Chavez, le président français Nicolas Sarkozy a repris la main dans ce dossier pour demander aux Farc la libération d'Ingrid Betancourt en se mettant à la disposition des différentes parties pour agir comme intermédiaire. La Suisse, l'Espagne, le Brésil et les Etats-Unis sont aussi parties prenantes dans ce dossier. Dernier signe de cette mobilisation : Bernard Kouchner a annoncé qu'il se rendrait prochainement en Colombie. Car le temps presse : le 23 février prochain, Ingrid Betancourt sera détenue depuis six ans.

Nicolas Sarkozy a par ailleurs dédié la fête traditionnelle de Noël organisée au palais de l'Elysée pour plus de 600 enfants à Ingrid Betancourt et à ses enfants. "Je voudrais (...) penser à quelqu'un, quand vous serez plus grand vous comprendrez, je voudrais dédier notre présence ici à Ingrid Betancourt et à ses enfants", a déclaré le chef de l'Etat à ses jeunes invités, rassemblés dans le salon d'honneur de la présidence.

Europe 1, RFI et TV5 Monde se sont associés et ont proposé ensemble une journée spéciale, le mercredi 19 décembre, baptisée "les Français soutiennent Ingrid Betancourt". En français, en espagnol, des deux côtés de l'Atlantique, retrouvez sur Europe1.fr les reportages, des interviews inédites et des messages d'espoir envoyés à Ingrid Betancourt.